Poème : Les sous-bois

Publié le par M. P.

Les sous-bois

 

Mes pensées volent vers le chemin des ardoisières

Où j’allais, nonchalante, au milieu des fougères

Happée par les coteaux aux sentiers escarpés

Où les broussailles, par la rouille, rongées,

Venaient cueillir l’automne et les sous-bois touffus

Sous un arboretum chiné par les feuillus.

Aux confins de ce lieu trônent les châtaigniers

Noyés sous un paillis de bogues calcinées.

Emoustillant mes sens, cette réminiscence

Rappelle à la candeur de mon adolescence.

Je sens l’odeur soudaine de châtaignes grillées

Les grillons, réveillés, ouvrent leur cabaret

En troublant le silence de la forêt qui berce

Quelques rais de lumière dans les branches d’où perce

Une lueur confuse infirmée par mes craintes,

Mes angoisses, mes doutes, mes émois, mes étreintes.

Lueur qui rejaillit à travers mes pensées

Sculptée par la faveur de ces tons métissés

Serpentant les flammèches renaissant sous l’automne

Quand l’écho de la brise à mon être fredonne.

Mon être en devenir voulait s’émanciper

Plongée dans un silence intérieur et secret.

Mais le cœur, bien souvent, l’emporte sur la raison

Encombrée de pensées turbulentes à foison.

Dans le tréfonds obscur de l’épaisse forêt

J’avançais, résiliente de mon âme bleutée,

Sans savoir que demain, dans mon jardin d’hiver,

Sous une symphonie faite de tons divers,

La brume lèverait son voile enraciné

Du jasmin refleuri, viendrait tourbillonner,

Sortie de son écrin, de ses ailes légères,

La libellule bleue, autour de la lumière.

Regardez ! Elle égrène les poussières du temps

A l’orée d’un sous-bois où le bonheur attend.

 

Publié dans poétiques

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