Regards philosophiques (134)
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Thème :
« Savons-nous vivre en société ? »
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Introduction :
Parler de la société renvoie à la fois à une notion historique et à un problème sociologique, auquel il convient d’associer le rôle complémentaire joué par la philosophie.
Historiquement, la notion de société s’est imposée lorsque l’ordre social et l’intégration sociale sont apparus comme un problème, suite à la séparation des pouvoirs politiques et religieux survenus lors de la révolution des Lumières, permettant l’autonomie comme valeur centrale. Auparavant, c’était les mondes traditionnels et religieux qui faisaient tenir dans un ensemble un groupe social.
Le mot « société » vient du mot latin « societas », qui signifie : association amicale avec d’autres, d’où « socius », qui veut dire : compagnon, associé, camarade. Le mot latin est dérivé du grec « socus » qui implique un contrat entre les membres de la communauté. Le terme de société désigne un regroupement d’hommes fondé sur des relations interdépendantes en vue de l’intérêt général. Les hommes s’organisent pour vivre en groupe tout en gardant leur personnalité, c’est ce qu’on appelle la société humaine.
Du point de vue de la sociologie, le principe de la société est le résultat d’une construction intellectuelle. Les hommes ont rapidement compris qu’en s’organisant en groupe, ils seraient plus forts pour agir. La sociologie invente l’idée de société pour expliquer le caractère plus ou moins ordonné et cohérent de la vie sociale au moment où diverses révolutions ont sapé les fondements traditionnels de l’ordre social.
La philosophie joue un rôle complémentaire avec la sociologie, principalement avec le kantisme, en ce qui concerne la sociologie de Durkheim. La philosophie fournit des instruments permettant de fonder la sociologie comme pratique scientifique. Philosophie et science ont engagé une même attitude d’esprit visant à atteindre une réelle collaboration. Ce qui distingue l’humanité de l’animalité ce sont les valeurs morales. La vie sociale comporte des contraintes, demande des compromis, et l’on sait que la personnalité de chacun est conquête permanente. L’homme en tant que tel participe au trésor de ce qu’on appelle la civilisation.
La société est fondée par des hommes, c’est-à-dire nous-mêmes. Or, vouloir la société, c’est donc nous vouloir nous-mêmes. Les sociétés se caractérisent par l’éthique et par la nature du lien social qui unit ses membres. On parle généralement de sociétés dès que celles-ci sont associées à un adjectif, comme : société industrielle, société démocratique, société capitaliste, société moderne, etc… A l’origine, les hommes ont établi entre eux une relation par l’échange, ce qui impliquait une entente préalable entre les individus concernés. Au sein des sociétés humaines, la faculté d’échanger s’est développée, non seulement pour les biens et les services, mais aussi pour des sentiments, des idées, des jugements de valeur, des modes de conduite, des croyances… Cela donne pour résultat la vie sociale.
L’existence et la reproduction de la société sont matériellement conditionnées par un ensemble d’institutions, l’État, les écoles, les administrations, les lois qui règlent le lien social entre les individus ; elles véhiculent les valeurs éthiques et pratiques de cette société.
Cette façon de sentir, de penser et d’agir, sont devenues des règles préétablies que chaque génération reçoit de ses aînés et qui sont les préceptes, tels que la politesse, la langue, les goûts fondamentaux.
La révolution industrielle capitaliste fait de l’investissement et du changement la condition de la survie des systèmes qui ne sont plus d’un ordre naturel et stable.
Quant à la société actuelle, elle est en profonde évolution par des mutations qui touchent à la fois à la vie familiale, à la vie sociale et au monde du travail. On est en ce moment au cœur d’une révolution sociale ou sociétale, avec « le mariage pour tous », avec la procréation médicale assistée (PMA), avec la gestation par autrui (GPA), avec l’euthanasie, etc…
Tous ces points ont à la fois du positif et du négatif. Par ailleurs, on constate que de plus en plus de gens, dans cette société, se sentent seuls ou parfois mis à l’écart, exclus, alors qu’ils sont des citoyens à part entière.
On note également l’amplification du « chacun pour soi », induisant indifférence et égoïsme.
Alors, sans vouloir noircir le trait, nous devrions peut-être être préoccupés par ces signes qui semblent avant-coureurs d’une dégradation des liens sociaux et éducatifs. Nous entrons là dans le sujet de ce débat : « Savons-nous vivre en société ? »
(A suivre)
Extraits de restitution d'un débat du café-philo
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.