Roman : La rivière savait… (2)
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Je ne saurais dire à partir de quel âge mes journées se sont mises à chanter au rythme de la rivière, ni pourquoi elle m’attirait tant. Le village avait hérité de ce joyau où l’eau ruisselle en serpentant dans un jeu de lumière focalisant le regard sous la ramure des aulnes flirtant avec le vent. Le Rieutord, petite rivière, passait tout près de notre maison située aux portes du village. Je pouvais rester là des heures entières à contempler le mouvement de cette eau cristalline éclaboussée de milliers de joyaux éclatés tombés des astres ou du soleil.
La rivière s’allume …
Quand le silence bruisse à l’aube fraîche et sage
Quand l’abeille butine, quand les oiseaux pépient
Que j’entends s’élever la brise du feuillage
Je sais que le jour vient, que la vie reprend vie
La rivière s’allume, serpente dans les bois
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Les cimes des grands chênes s’éclairent au lointain
Bientôt naîtra sans doute quelques cèpes ou girolles ?
Le temps est suspendu, les grappes de raisin
Se gorgent des derniers rayons chauds mais frivoles
La rivière s’allume, serpente dans les bois
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Quand l’herbe éclaboussée par la rosée scintille
Les premières colchiques s’ébouriffent et s’éveillent
La glycine s’accroche, s’enroule, descend en vrille
Par le jour frémissant, les prairies s’ensoleillent
La rivière s’allume, serpente dans les bois
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Le ciel bleuet inonde la terre de ses lux
Parfume les vergers de poires et de pommes
Mon panier se languit de goûter à ces sucs
En cette fin d’été que détrône l’automne
La rivière s’allume, serpente dans les bois
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Par les derniers soupirs de l’été finissant
En quête d’ataraxie, j’abuse, incorrigible
Des éclats d’un soleil d’été évanescent
Nourriture céleste, miracle indéfectible
La rivière s’allume, serpente dans les bois
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Je salue chaque fois le spectacle étonnant
De ce lieu nourricier de nature à renaître
Offert par la quiétude de ces précieux instants
Candeur émotionnelle qui recouvre mon être
La rivière s’allume, serpente dans les bois
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois.
(A SUIVRE)