Roman : La rivière savait… (2)

Publié le par M. P.

 

http://Roman : La rivière savait… (1)

 

Je ne saurais dire à partir de quel âge mes journées se sont mises à chanter au rythme de la rivière, ni pourquoi elle m’attirait tant. Le village avait hérité de ce joyau où l’eau ruisselle en serpentant dans un jeu de lumière focalisant le regard sous la ramure des aulnes flirtant avec le vent. Le Rieutord, petite rivière, passait tout près de notre maison située aux portes du village. Je pouvais rester là des heures entières à contempler le mouvement de cette eau cristalline éclaboussée de milliers de joyaux éclatés tombés des astres ou du soleil.

La rivière s’allume …

Quand le silence bruisse à l’aube fraîche et sage

Quand l’abeille butine, quand les oiseaux pépient

Que j’entends s’élever la brise du feuillage

Je sais que le jour vient, que la vie reprend vie

 

La rivière s’allume, serpente dans les bois

L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois

 

Les cimes des grands chênes s’éclairent au lointain

Bientôt  naîtra sans doute quelques cèpes ou girolles ?

Le temps est suspendu, les grappes de raisin

Se gorgent des derniers rayons chauds mais frivoles

 

La rivière s’allume, serpente dans les bois

L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois

 

Quand l’herbe éclaboussée par la rosée scintille

Les premières colchiques s’ébouriffent et s’éveillent

La glycine s’accroche, s’enroule, descend en vrille

Par le jour frémissant, les prairies s’ensoleillent

 

La rivière s’allume, serpente dans les bois

L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois

 

Le ciel bleuet inonde la terre de ses lux

Parfume les vergers de poires et de pommes

Mon panier se languit de goûter à ces sucs

En cette fin d’été que détrône l’automne

 

La rivière s’allume, serpente dans les bois

L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois

 

Par les derniers soupirs de l’été finissant

En quête d’ataraxie, j’abuse, incorrigible

Des éclats d’un soleil d’été évanescent

Nourriture céleste, miracle indéfectible

 

La rivière s’allume, serpente dans les bois

L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois

 

Je salue chaque fois le spectacle étonnant

De ce lieu nourricier de nature à renaître

Offert par la quiétude de ces précieux instants

Candeur émotionnelle qui recouvre mon être

 

La rivière s’allume, serpente dans les bois

L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois.

(A  SUIVRE)

Publié dans culturels

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