Roman : La rivière savait… (15)
(Suite)
Que me réservait l’avenir ?
Je rêvassais au pied de l’aulne parfumé d’humus. Un prince viendrait-il m’y chercher, éveillant mes émois de cet amour qui m’emporterait, me comblant de ses ailes légères comme celles des papillons voletant sur la rive ?
Sous l’aulne
Pourquoi ai-je frappé au heurtoir de mon cœur
Ouvrant les pages d’une monographie d’enfant ?
Ces quelques gribouillis aux rayons de couleur
Viennent soudain heurter mes souvenirs d’antan
A ciel ouvert mes yeux comme avant s’émerveillent
De jeunes larmes glissent et lèchent mon visage
Épicées d’ombres fraîches qui s’ensoleillent
D’une lumière vive explosée du feuillage
C’est bon de réentendre ces petits riens tout bleus
Tachetés d’or, d’argent. Ils troublent le silence
Dans un bourdonnement criblé de mille feux
Une sieste d’enfant boit la vie qui commence
Quand le temps se balance aux jours qui s’éternisent
Dans le feuillage lisse ma rêverie s’anime
Troublée par la couleur de l’onde qui tamise
Les secrets bien gardés d’un univers intime
Sous ce drapé soyeux, tu m’attends poésie
Goûtant ma nostalgie comme du pain perdu !
Cette vieille recette sur un papier jauni
Écorche mes entrailles ruinées par le vécu
Mes jours se font plus courts et le temps m’est compté
Je cours à la recherche de couleurs disparues
Bleu lagon pétillant des rivières en été
Ou bien couleur de neige réenchantant mes rues
Je remonte le temps pour avancer moins vite
Bien avant que l’hiver ne sous-sole l’automne
Un vieux conte de fées me réveille et invite
Le souffle de l’enfance à résonner sous l’aulne.
(A suivre)