Regards philosophiques (147)

Publié le par G-L. P. / J. C.

Thème :

« Internet, un univers postmoderne ? »

4

Débat  :

► On sait que les informations sur le Net ne sont pas fiables à 100%, mais on peut aussi consulter des dictionnaires très fiables, comme le Littré, par exemple. Concernant Wikipédia, même si c’est très bien fait, très utile, il faut toujours faire quelques réserves. Est-ce le résultat de recherches et de réflexions ? Ou est-ce la synthèse à partir de mots sélectionnés par des moteurs de recherche ? Donc, ça ne doit pas supprimer totalement le travail de recherche personnel et l’approfondissement.  Quant au lien social, Internet aide à certaines formes de lien social, tout en détruisant d’autres formes : large débat. Dans le domaine social, l’arrivée du numérique, des ordinateurs, cela a surtout eu un coût social très conséquent. Nous avons vécu pour nombre d’entre-nous le début de la grande mutation sociale qu’entraîne l’informatique. Depuis les années 1970-1980, des milliers d’emplois ont été supprimés, dont des emplois qualifiés ; on pense aux « employés aux écritures » en comptabilité et dans les services…Dans les années 1970, il y avait environ 500 000 chômeurs. On peut penser que la plus grande partie de l’explosion du chômage depuis 40 ans est due à cette informatisation, qui, du bureau comptable jusqu’à l’usine, utilise des robots aux tâches répétitives ; certes, cela rationalise plus le travail et supprime des tâches dures, mais au prix de tant d’exclus du travail. Nous ne pouvons ignorer les changements qui se précisent avec l’usage de cet outil, Internet. Par exemple, on voit le commerce en ligne se développer, des catalogues ; jusqu’au Père Noël, tous ont leur site, leurs vitrines virtuelles.  De plus en plus de personnes commandent appareils, produits, nourriture, livres, etc., sur Internet. C’est tout un tas, non seulement d’emplois, mais aussi de contacts qui sont supprimés. Qu’en sera-t-il à terme des magasins de proximité, du libraire de quartier, de la supérette… ? Les relations sociales s’en trouvent tristement réduites, à moins qu’on estime que les relations virtuelles les compensent.

► Internet est un outil d’information et tous les outils demandent un mode d’emploi. C’est peut-être l’illusion qu’on peut être tout-puissant, que cela permet de tout faire, sans connaître justement toutes les règles d’utilisation, et qu’on peut se passer des professionnels, de leur expérience, de leur connaissances, de leur formation. C’est quelque chose de bizarre de penser qu’on peut tout faire à soi seul à partir de chez soi, de communiquer avec le monde entier et ne voir de visages qu’avec la webcam. Finalement, on se trouve plus isolé avec l’écran et toutes les technologies. En tant que documentaliste, j’utilise Internet tous les jours pour mon travail ; si l’on ne connaît pas bien les procédures, on perd du temps, car on peut tomber sur des choses tout à fait inutiles, redondantes. Souvent, je vois des erreurs, voire, pire, du plagiat et des « copier-coller » sans citer les sources ; c’est de la négligence et cela va jusqu’à la malhonnêteté intellectuelle. Le problème avec Internet, c’est de savoir qui contrôle, qui peut modérer tout cela ? Il faut qu’il y ait des barrières, des contrôles, des limites ; on ne peut pas laisser n’importe qui utiliser n’importe comment cet outil, surtout les enfants, bien sûr ! Déjà il faut que les parents jouent leur rôle de pédagogues. Il y a des dangers, on le voit régulièrement dans les faits divers. Un des gros problèmes, c’est la mise à jour des informations. Il y a plein d’informations périmées toujours en ligne et des sites à l’abandon, mais qui sont toujours sur le Net. En revanche, il y a des sites très fiables comme Gallica* qui permet d’accéder aux ouvrages numérisés de la Bibliothèque Nationale de France. (*Plus de 2,5 millions de documents consultables et téléchargeables gratuitement).

► Le gros problème que me pose Internet, c’est le respect de la propriété intellectuelle en général. C’est-à-dire que n’importe qui peut dire n’importe quoi et piller les autres. D’autre part, on ne peut pas parler d’intelligence en informatique. Il n’y a pas d’intelligence artificielle ; la seule intelligence est celle que l’humain met dedans. Un type qui est idiot et qui va sur Internet reste un idiot, même s’il a l’illusion d’accéder à la connaissance. L’outil, quel qu’il soit, a besoin de l’intelligence humaine pour s’en servir.

► Internet est un outil avec ses avantages et ses inconvénients. Le magazine Sciences Humaines a fait paraître ce mois-ci un numéro spécial : Générations numériques : des enfants mutants ? Un article pose la question : « Internet change-t-il le cerveau, la manière d’apprendre ? » C’est très intéressant, puisque le questionnement reste une démarche essentiellement  philosophique ; j’ai retenu ces questions : «  La pratique des écrans est-elle un facteur d’appauvrissement ou au contraire d’enrichissement, cognitif, psychique et culturel ? », ou « L’engagement des jeunes sur les réseaux sociaux engendre-t-il l’isolement ou de nouvelles sociabilités ? », ou, « La construction de la personnalité se trouve-t-elle affectée par ces nouvelles manières de communiquer, de s’exprimer ? » ou : « Les écrans sont-ils générateurs de pratiques addictives, et sont-ils des canaux qui initient à la violence, qui répandent la pornographie ? » Et enfin : « Pourquoi l’école semble-t-elle si lente à s’emparer des nouvelles technologies ? »Sur cette dernière question, on a l’impression qu’il faudrait aller plus vite. C’est du moins ce que j’ai ressenti. Il faudrait rentrer le numérique dans la  vie des enfants comme un hochet ! Là, je me suis dit : qu’est-ce qui me fait peur dans tout cela ? Il y a la violence, la pornographie, les addictions, mais finalement il n’y a pas grand-chose à redouter ; on en revient à la notion de simple outil, si on l’utilise de façon intelligente, il n’y a pas de danger, au contraire ! Pour moi, cela peut être aussi un lien social ; contrairement à ce que j’ai pu entendre, on peut communiquer et se voir avec la webcam, quel que soit l’éloignement. C’est un lien technique ; je pense aux interventions chirurgicales à distance. Il y a beaucoup de points positifs. Je ne pense pas qu’on doive avoir peur d’Internet aujourd’hui. Il en va aujourd’hui avec Internet comme du téléphone au siècle dernier ou de la télévision. Je pense qu’il faut s’y adapter ; cela fait déjà partie de notre monde futur.

► Il faut rappeler l’importance des mots et de la parole dans les relations. La vie est mise en scène avec des mots. Il ne faut pas laisser grandir le vide. Une consommation de signaux comme avec Internet est différente de l’utilisation de la parole.

(A SUIVRE)

Extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.

 

Publié dans culturels

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
"maintes querelles qui se croient d'idées ne sont que des mots , le langage n'est pas une science exacte, il est du domaine de l'opinion, il peut occasionner des malentendus , il est donc dangereux et peut conduire à la violence" . Platon
Répondre