Roman : La rivière savait… (25)

Publié le par M. P.

(Suite)

Mamilou avait gardé ce secret durant toute sa vie.

Elle avait vécu, tel un chêne au tronc étranglé de lierre, étouffée par le non-dit d’une vérité inavouable.

Par pudeur, par peur, par respect ?

Maintenant, je comprenais !

De part ma tendresse retenue, inconsciemment, je restais fidèle à mes parents.

Mon enfance, que l’on voulait préserver de toute haine et de l’absurde qui ressortait d’un monde injuste et malsain, avait baigné dans la douleur que je voyais enfler chaque jour un peu plus sur l’onde captivante de la rivière, ne pouvant dire l’ineffable.

J’avais le cœur en deuil de tant et tant d’amours perdues.

Le passé résonnait en moi psychiquement.

Mon enfance, incrustée dans ma chair, ressurgissait sans le pouvoir des mots.

Mon passé, rattaché à mon histoire, s’exprimait à travers cet espace de vie qui m’attirait comme un aimant.

Ce lien inconscient dont j’étais dépendante nourrissait ma vie patinée d’émotions.

La rivière arrosait de son eau cristalline les racines profondes qui m’unissaient à mon passé.

De l’ombre vers la lumière

J’aime à penser que tout  n’est pas fini

Et même si...après la vie

Il reste le néant

Je veux vivre intensément

Mais comment faire pour satisfaire le besoin de complétude

Lorsque donner s’affaire avec ingratitude ?

Ce qui est pris, reçu, sans espoir de germer

Rend le sel de la terre insipide et damné

L’âme de la poésie souffre d’étouffement

Dans les broussailles de l’enfermement

Mes horizons se perdent dans l’insolent brouillard

D’un misérabilisme spirituel goguenard

D’une vision obtuse au cœur sourd et blessant

Émerge une lumière infirme, vide de sens

On s’égare de tout en s’égarant de soi

Dans un entendement aveugle de ses émois

L’être affadi atteint de cécité mentale

Indécide la foi auspicieuse et vitale

A la survie des hommes, du ciel et de la terre

Embrumée par les larmes sanglantes de la guerre

Je veux porter en moi les lois de la sagesse

Accordées d’émotions capables de tendresse

Ses tissus lanifères ancrés dans mes atomes

Comblant le vide avide de ses baumes

Je veux glisser mes doigts sur l’arbre de vérité

Dans la vallée ouverte à l’authenticité

Là où les écureuils côtoient les hirondelles

Où la vue sur la lande giboyeuse recèle

De trésors fabuleux aux essences variées

Je veux marcher où dansent les aulnes et les noyers

Là où la pleine lune toise l’eau cristalline

Juste à côté des vignes descendant des collines

Dans le petit moulin on partage le pain

La brume s’évapore sur le petit chemin

Qui randonne en silence de l’ombre vers la lumière

Comme les châtaigniers s’étirant vers le ciel

Je veux m’élever vers ce qu’il y a de meilleur

Le répandre au grand jour en semant ses couleurs

Je veux briser les chaînes du pardon essentiel

A la maturation d’un esprit furibond

Dans une mue gracile comme un vol d’alcyon

Le silence des mots frémissant sur le monde

Dans la contemplation de soi au creux des ondes

Vous projette parfois au cœur de la musique

Dans un état sublime, déférent et magique

Capable d’élargir le cœur en un éclair

Mettant au diapason l’entendement au clair

Ressuscitant nos êtres aux portes du levant

Laissant les asphodèles flirter avec le vent.

(A suivre)

 

Publié dans culturels

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