Roman : La rivière savait… (33)
L’automne s’étirait doucement ! La nature reprenant ses droits, les jours raccourcissaient et la lumière pâle mêlée à la mélancolie des tons roux et miellés, me rendait quelque peu nostalgique. Pierre ne rentrerait pas avant Noël. Contrairement à certains jeunes du village, je ne rêvais pas de la ville et, malgré tout, je me trouvais bien chez moi.
Chez moi
Quand le silence bruisse à l’aube fraîche et sage
Quand l’abeille butine, quand les oiseaux pépient
Que j’entends s’élever la brise du feuillage
Je sais que le jour vient, que la vie reprend vie.
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Par ce jour prometteur, je me sens bien chez moi.
Les cimes des grands chênes s’allument au lointain
Bientôt verront-ils naître quelques cèpes ou girolles ?
Le temps est suspendu, les grappes de raisin
Se gorgent des derniers rayons chauds mais frivoles.
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Par ce jour prometteur, je me sens bien chez moi.
Quand l’herbe éclaboussée par la rosée scintille
Les premières colchiques s’ébouriffent et s’éveillent
La glycine s’accroche, s’enroule, descend en vrille
Par le jour frémissant, mon jardin s’ensoleille.
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Par ce jour prometteur, je me sens bien chez moi.
Le ciel bleuet inonde la terre de ses lux
Parfume le verger de poires et de pommes
Mon panier se languit de goûter à ces sucs
En cette fin d’été que détrône l’automne.
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Par ce jour prometteur, je me sens bien chez moi.
Par les derniers soupirs de l’été finissant
En quête d’ataraxie, j’abuse, incorrigible
Des éclats d’un soleil d’été évanescent
Nourriture céleste, miracle indéfectible.
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Par ce jour prometteur, je me sens bien chez moi.
Je salue chaque fois le spectacle étonnant
De ce lieu nourricier de nature à renaître
Offert par la quiétude de ces précieux instants
Candeur émotionnelle qui recouvre mon être.
L’air se fait plus léger, mes sens sont aux abois
Par ce jour prometteur, je me sens bien chez moi.