Théâtre : « Jeux de planches »

Publié le par M. G.

Théâtre : « Jeux de planches »

 

 Samedi 22 février, je réserve ma soirée pour aller au Centre d’Activités Culturelles de SEMEAC où se tient la représentation théâtrale : « Jeux de planches » de Jean-Paul Alègre, par la troupe En scène.

 Il s’agit d’une pièce à sketches sur le thème du… théâtre !

10 comédiens se déchainent pour notre plus grand plaisir ;

la surprise est mêlée à l’étonnement, en passant par tous les grades du rire ; le texte est, à mon sens, de toute beauté ; il y a des trouvailles géniales , comme « les mots interdits », mots bannis par un régime dictatorial, qui finit par s’auto dévorer, à force de vouloir brider tout élan de culture.

Il y a « le mot de la fin » : un comédien est « le mot de la fin » et n’intervient donc qu’à bon escient ; son rôle est éminemment important puisqu’il participe à la soirée, à toutes les soirées, il intervient partout, délivrant parfois une pièce de longueurs, de méandre tortueux méritant sanction immédiate ; tout ceci est dit avec un recul, un 2e degré tout en finesse. Le « mot de la fin »  est un peu la « lanterne rouge » du peloton du Tour de France, si décriée et si encouragée à la fois.

 Il y a « au bord de la mer » où 2 femmes se parlent, l’une soutenant qu’il s’agit d’imaginaire et l’autre de réalité ; on finit par s’y méprendre, d’autant que la jeune comédienne fait des prouesses de naturel dans son rôle créatif.

 Il y a « j’ai tué ma femme », humour noir savoureux.

Il y a « terres noires et Maria », encore un dialogue en 2 tons : 2 acteurs jouent ensemble deux pièces différentes ! Drôle de moment suspendu !

 « Le théâtre est dans la zone de tir » est une métaphore réjouissante sur le fait que la culture dans les régimes fascistes est la première à être visée les tirs du Pouvoir en place.

Il y a encore « Liberté quand tu nous tiens »…

 Bref, dans ce cocktail de sketches, il y en a pour tous les goûts, ce n’est pas difficile  d’y faire son « marché ».

Les dialogues de JP Alègre sont très fins, avec beaucoup d’esprit, dans un univers absurde et les comédiens peuvent se reposer sur un terreau aussi fertile de mots, d’idées et de contre sens.

Il y a un message fort pour soutenir la démocratie, on pense au « Prisonnier » avec Patrick Mc Goohan (« je suis un homme libre »), à Orson Welles et son célèbre « 1984 », roman d’anticipation, bien vite rejoint et même dépassé par la société d’aujourd’hui, avec ses caméras, ses réseaux sociaux, ses fiches informatiques… Vive le théâtre et l’idée de liberté qu’il colporte, vive Jean Paul Alègre et ses dialogues ciselés et intelligents ; merci à Serge Monteilhet et sa troupe pour avoir su déterrer une langue aussi belle ; il parait que la troupe souhaite inviter l’auteur dès que possible. Quelle bonne idée ! Vive la troupe « En scène » qui nous enchante par son énergie, son amour des belles lettres, sa pugnacité aussi.

 

Publié dans culturels

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