Une vie au service des autres (2)
2 (SUITE)
Après la guerre, il retourne au séminaire terminer ses études et lorsqu'il est ordonné prêtre, il fait le vœu de servir ses semblables et décide de partir aux missions étrangères et chez les Pères Blancs en Extrême Orient. Peu avant les années 1950, il obtiendra un poste en Birmanie.
Père Jean s'est envolé vers ce pays lointain et très fermé à l'époque avec comme tout bagage : sa volonté, une simple valise et quelques notions d'anglais ! Pour arriver à se faire comprendre dans sa mission.
Accueilli par son Évêque à Rangoon, celui-ci lui donnera comme « paroisse » des villages dans la montagne, loin de toute ville.
Bon marcheur (ayant acquis une bonne expérience dans la Résistance) il partira courageusement à l'aventure ayant comme routes souvent des chemins et sentiers muletiers. Comme il disait souvent mon « domaine » était comparable en surface à un petit département français.
Il savait uniquement que son affectation à cette paroisse venait du fait que le prêtre en poste avait été tué ainsi que son sacristain par des pilleurs d'églises. Ces voleurs, venaient des montagnes, ils ont assassiné le prêtre pour voler les yeux en émeraude d'un ange qui se trouvait dans la nef de l'église. Ils avaient tout cassé , même la porte et volé tous les objets ayant un peu de valeur. Jean a évalué les dégâts du fait qu'il arrivait de France, mais il a très vite compris que là, il devait faire avec les moyens qu'il avait, c'est-à-dire presque rien et qu'il allait vivre dans un climat de peur et de pauvreté, vu que les portes de sa sacristie également ne fermaient non plus.
Il fit le tour de son église, et au vu de deux monticules de terre, il comprit que le père et son sacristain étaient enterrés derrière l'église. Père Jean se fit la promesse de leur donner une sépulture décente, leur faire un entourage et une croix avec leur identité – ce qu'il fit quelques années plus tard.
Monseigneur l’évêque lui demanda de prendre un jeune garçon de ses montagnes, afin de l'aider dans sa fonction et dans son installation. Là aussi, cela fut assez dur de communiquer avec la population et le contexte ne s'y prêtait pas trop. Les gens étaient très méfiants et leur fermaient la porte lors de son passage. L'adaptation fut longue. Il a commencé à apprendre le Birman, puis plusieurs dialectes suivant les villages qu'ils visitaient dans ces montagnes. Son intégration a été très longue, mais jamais il n'a renoncé. Il avait la foi d'y arriver et parcourait chaque jour quelques kilomètres sur des chemins (si l'on peut dire chemin) de cailloux et de dénivelés avec son bâton de pèlerin comme il aimait à dire. L'hospitalité n'était pas au rendez-vous, mais il le savait. Il fallait gagner leur confiance. Il était confronté à de mauvaises rencontres, mais Père Jean était quelqu'un de très grand, avec un visage sérieux et déterminé, pas vraiment souriant, ni enclin à se faire ennuyer. Son visage parlait pour lui (même si, intérieurement, c'était un tout autre homme). Nous le verrons dans la seconde partie de sa vie.
(A SUIVRE)