Une vie au service des autres (4)

Publié le par Hommage d'amis

4 (SUITE) 

 

Dans les montagnes, les familles très, très pauvres, avaient pris la décision de donner leur dernier né au Père Jean afin qu'il les porte chez les religieuses. Ces familles n'avaient pas les moyens de nourrir leurs enfants, et préféraient les laisser partir auprès des religieuses.

Père Jean aimait raconter que le plus qu'il a eu dans sa Jeep, c'était quatre enfants. Au début, il était affolé d'avoir à redescendre la montagne avec ces ou un bébé. Dès lors, il emmenait son petit sacristain, qui prenait soin des bébés jusqu'au village où il résidait. Puis, il partait seul, dans la congrégation de religieuses. La Mère Supérieure avait pris l'habitude de l'attendre dès qu'elle entendait la Jeep et demandait au Père Jean : « Combien en avez-vous aujourd'hui ? », en se précipitant derrière la Jeep pour voir s'il y avait un panier avec des couvertures. Parfois, il n'y avait aucun bébé, ce qui était une bonne chose comme disait Père Jean. Cela montrait que les enfants restaient avec leurs parents.

Père Jean disait « J'ai une centaine d'enfants, oui au moins cent ». Il allait les visiter régulièrement pour donner des nouvelles aux parents. Beaucoup de bébés ne survivaient pas dans les montagnes, par le froid, le manque de soins et la maladie. La vie des paysans des montagnes était extrêmement dure. Les donner à la congrégation religieuse était un acte de vie pour ces bébés, mais tellement difficile pour les mamans.

Un matin, un homme est arrivé à l'église du Père Jean et lui a demandé s'il pouvait rester quelques jours auprès de lui. Père jean ne posa pas de question comme à son habitude, le respect de son prochain et logea son invité. Au fil des jours, le monsieur en question lui demanda s'il pouvait l'aider à traverser les montagnes pour rejoindre une autre personne. Là aussi, Père Jean respecta son vœu et partit au petit matin, à pied et avec son fusil. Faut dire que Père Jean avait toujours son fusil caché dans sa Jeep ou sous sa soutane. Les montagnes étaient souvent cause de mauvaises rencontres. Les pères n'étaient pas toujours appréciés par tous. Il avait laissé le sacristain pour veiller sur l'église. Au fil du voyage, le monsieur en question, lui demanda de l'aider à passer la frontière, ce que fit le Père Jean, après plusieurs jours de voyage avec son bâton. Quand le monsieur fut en sécurité, Père Jean rentra à son village et vit son sacristain affolé, venir à sa rencontre. La police militaire est venu pour interroger le Père Jean et qu'ils allaient revenir. Père Jean dit sa messe et continua comme à son habitude, un peu inquiet de savoir que les militaires voulaient le voir. La police n'aimait pas beaucoup les prêtres et de leur faisait ressentir. Les rencontres, jusqu'à ce jour, n'étaient pas très chaleureuses et pour eux, Père Jean avait trop de liberté, mais sans jamais avoir quoi que ce soit à lui reprocher. Père Jean était très conscient de ne pas se les mettre à dos pour continuer à aller voir ses paysans, dans les montagnes et leur apporter son aide.

Père Jean cacha son fusil afin que les militaires ne le trouve pas, car s'ils le trouvaient, cela aurait dramatique, autant pour lui que pour le jeune sacristain. Lorsque les militaires sont revenus, ils questionnaient Père Jean sur son séjour dans les montagnes, son itinéraire, s'il était seul, etc, etc... Père Jean se sentait tenu par le secret de son église, et en tant que Prêtre, ne dit rien aux militaires, tout au plus qu'il visitait ses paroissiens comme à l'habitude. Les militaires repartirent en lui disant qu'ils allaient revenir. Le lendemain, la police militaire est venue chercher Père Jean. Il emporta juste un sac avec ses affaires, une soutane propre comme la police lui avait demandé ainsi que son chapelet toujours sur lui et son livre de messe. Sa Jeep resta sur place. Là, le calvaire du Père Jean a commencé. Au début, La police a tout essayé pour le faire parler : manière forte, manière douce, menaçante, puis psychologiquement violente. Pas de nourriture, pas de sommeil. Chaque fois qu'il s'endormait, ils lui braquaient une lumière éblouissante afin de le faire craquer.

 

(A SUIVRE)

 

 

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