Regards philosophiques (160)
Thème :
« Proverbes et dictons :
une philosophie populaire? »
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Débat :
► Dans le livre Proverbes, dictons et citations pour toutes les occasions de la vie de Frédéric Delacourt, on trouve plus de mille proverbes et trois cents expressions imagées, langage commun de la société, souvent rapporté par tradition. On lit, dans l’introduction de partie sur les proverbes (page 25) : « Quelle que soit son origine, il [le proverbe] appartient à la langue orale et est censé exprimer une vérité incontestable en peu de mots. Outre son aspect universel, le proverbe est intemporel. » Dans l’introduction de la partie sur les dictons, il est indiqué (page 111) : « Les dictons appartiennent précisément à cette civilisation où l’oral prédominait sur l’écrit. Il n’y encore pas si longtemps, ils encadraient la vie du paysan et lui fournissaient des préceptes valables de sa naissance à sa mort, quelle que soit son activité et la période de l’année. »
En cherchant du côté de l’étymologie des mots « proverbe » et « dicton », on trouve de nombreux synonymes : sentence, adage, maxime, aphorisme, apophtegme, précepte, avec chaque fois des petites nuances.
Le proverbe, du latin « proverbium » (« la parole en avant »), est, à proprement parler, une phrase complète, devenue commune, qui, sous une forme imagée, propose une certaine vision du monde.
Le dicton vient du latin « dictum », du verbe « dicere » (« dire »). C’est ce qui se dit, ce qui se rapporte, en faisant référence à l’expérience, au savoir des anciens.
La sentence (de « sententia » : sentiment, opinion) exprime une opinion morale formulée en une phrase. Elle se présente souvent sous une forme abstraite destinée à amener une réflexion.
L’adage (étymologiquement : affirmer) donne également une directive morale, mais sa forme est plus abrégée, comme par exemple : « Bon chien chasse de race. »
La maxime (= « le plus grand ») est une réflexion qui exprime une vérité qui se veut incontestable. Les maximes, qui sous-entendent qu’il n’y a rien de plus grand, servent de règles dans toutes les disciplines.
L’aphorisme (étymologiquement : délimiter, définir) est une courte maxime, une sentence renfermant un grand sens en peu de mots.
L’apophtegme (du grec « apophtegma ») est une maxime, une opinion exprimée d’une manière dogmatique ; c’était initialement une parole mémorable d’une personne illustre.
Le précepte (de « praecipere » : prendre avant, prendre le premier) est une sorte de recommandation, de règle tirée d’un enseignement, une leçon. Cela revoie à un précepteur, un éducateur.
► Il y a plein de proverbes qui tournent autour du temps, de la météo : « S’il pleut à la saint Médard, il pleut quarante jours plus tard. » Ou : « A la sainte Luce, le jour croît d’un saut de puce. » Ce sont là des dictons pour comprendre, appréhender notre environnement, la nature, le temps et les éléments ; c’était pour vivre au quotidien.
Il y a les Proverbes issus de l’Ancien Testament qui sont parfois très drôles et réjouissants, naïfs parfois, mais aussi frappés de bon sens.
Quelqu’un m’a rappelé récemment qu’on trouve dans les églises, les représentations d’un renard déguisé en moine qui prêche. Le proverbe dit : « Quand le renard prêche, rangez vos poules. » C’est là une allusion aux faux prophètes ; c’est un renard rusé dans un habit de moine, que l’on voit souvent dans les sculptures, entouré des poules qui l’écoutent bêtement ; ce qui nous dit aussi : ne vous laissez pas abuser par les séducteurs, surtout en parole.
► Autrement dit : « L’habit ne fait pas le moine. »
(A SUIVRE)
Extraits de restitution d'un débat du café-philo
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.