Roman : La rivière savait… (51)
Il faut vivre d’abord dans le respect de soi, s’aimer, être au clair avec ce que nous sommes, écouter les besoins de son être profond pour aller de l’avant du mieux que possible.
Avoir la satisfaction de vivre sa vie pleinement pour les autres comme pour soi.
La vie est faite ainsi de plusieurs vies. Séparations, deuils, nouveau départ ...
Tout finit et tout recommence, ici ou ailleurs, mais à chaque fois différemment.
Alors, je continue de vivre, poussée par le souffle inépuisable de l’amour.
Cet amour inconditionnel, cadeau que la vie m’a légué, comme une force de la nature maintenant l’équilibre de ma santé mentale.
Chaque jour à ses côtés est un pas de plus vers la félicité.
Tout ce chemin et ces épreuves pour arriver à renaître plus forte et plus sereine.
Les expériences de la vie, douloureuses ou non, s’engagent-elles à nous permettre d’évoluer vers une forme de paix intérieure ?
Pourquoi souffrir, se sentir coupable ou victime ?
Je ne puis m’encombrer d’aucuns sentiments de la sorte et encore moins de regrets.
Est-ce être raisonnable, philosophe ou tout simplement suivre la voie de la sagesse ?
Ce n’est, en tout cas, aucunement égoïste ou insensé.
Mais la vie continue ! Les souvenirs sont là, intacts !
Je refuse la souffrance et je suis libre d’entreprendre la vie qui vient comme je l’entends. Entendre encore le clapotis au bord de l’eau jouer avec le vent, là où le temps qui passe emporte mon chagrin des rivières jusqu’à la mer.
Le passé est en moi pour toujours et mes amours dans mon coeur jusqu’au plus profond de mon âme meurtrie.
Je suis en deuil de ce passé qui n’appartient qu’à moi.
Mais la vie qui va m’emporte de nouveau vers la rivière.
Alors, pourquoi ne pas prendre mon destin par la main, tel qu’il se présente à moi ?
D’autant plus lorsqu’il conduit à l’émerveillement ? Nous irions bientôt retrouver ma terre natale. Cela rendait Salma totalement surexcitée. Elle aurait donc le même âge qu’avait son père lorsqu’il arriva en France. L’histoire se répétait ! Comme un acte de recommencement, dans la spirale de nos vies, sur cette terre qui tourne en rond.
J’espérais seulement que la vie lui apporte plus de calme, qu’elle lui soit plus belle, plus intense, plus heureuse, plus réjouissante ... Inch’Allah !
Le dimanche 31 mai 1981, après avoir réglé les dernières formalités, Pierre nous conduisait en France. En ce jour de solstice, nous avions pleinement profité du décor, baignés par l’intensité de la lumière, de l’aube jusqu’au crépuscule. Seule, Salma avait un peu dormi, emportée par des rêves doux et sucrés comme les fleurs des jacarandas.
Les jacarandas
Sur la terre andalouse, j’ai marché dans le vent
Laissant le temps passer, sans presser le printemps
Ouvrant les portes d’un univers ambiant
A la luminescence allant vers un apaisement
Me baignant dans la ronde de ces jours et ces nuits
Capables de silence, d’abandon et d’ennui.
Résonne et flotte en moi le souvenir unique
Époustouflant décor, miraculeux, magique
La nature à mes yeux offrait cette douceur
Que les jacarandas allumaient de bonheur
Leurs fleurs mauves éclair à nulle autre pareille
Captivaient mon regard aux éclats de soleil
Dans un conglomérat de sensations nouvelles
Éclectiques, sauvages, farouches et naturelles
Ondulant de leurs branches vertigineusement
Laissant s’épanouir majestueusement
Leur douce mosaïque épicée par l’azur
Ce mauve cristallin, faïence à l’état pur
Ce paradis sur terre rythmé par les claquettes
Dansant le flamenco au son des castagnettes
Comme ces arbres en fleur dans un déhanchement
Séduisant les palmiers et les cactus géants
Mon regard hypnotique sur ces tons focalise
Ils transpercent, captivent, illuminent, séduisent
A vous couper le souffle, à vous trouver sonnée
Déclarant mon amour au printemps je renais
Et le renoncement à ce bain de jouvence
Entre mer et montagne sacralise mes sens.
Andalousie, joyau, ton luxe est à l’honneur
Inoubliable terre à l’accent enchanteur
Je me dois de t’inscrire au monde poétique
Saluant avec respect ta nature extatique
Ce sentiment d’ailleurs m’absorbe, m’anesthésie
Irrésistiblement j’aime l’Andalousie.