Roman : La rivière savait… (52)
Nous avions retrouvés ce lien affectif indestructible qui nous unissait depuis notre plus tendre enfance, ce lien nourrit par la complicité et la bienveillance retrouvées.
Mais la force de cet amour suffirait-elle à franchir le pas qui va de l’ami à l’amant ?
De retour
Je rentre d’un pays les yeux baignés de bleu
Le vent tambourinant, me saoule encore un peu
Le soleil s’évanouit derrière les pinèdes
Des aiguilles des pins brillent l’or de Tolède
Et le temps a glissé comme l’eau sur la plage
Effaçant de ses bras les traces de mon passage
Laissant dans les palmiers et les pins parasols
De jeunes cacatoès qui prendront leur envol.
Des montagnes là-haut dominant ce décor
J’entends le vent siffler encore un peu plus fort
Les ailes des moulins ont cessé de tourner
Le printemps vagabonde jusqu’aux grands champs de blé.
Les amandiers s’alignent, se mettent au garde à vous
Les oliviers frissonnent, l’air est frais, voilà tout !
D’innombrables flammèches d’un rouge étincelant
Sèment des coquelicots qui allument les champs.
Moi, je sème ma peine, emportant dans mon coeur
Un sillon de ma vie et les arbres en fleurs.
J’ai gravé sur ma peau les traces du soleil
L’Espagne va s’éteindre sous un couchant vermeil.
Nous venions de passer la frontière !
Mon cœur emportait avec lui le bleu de ces jours et ces nuits qui avaient déteint sur mes ailes.
Les bienfaits du temps
Le temps a délavé le bleu nuit de mes ailes
Le temps a dessiné ma vie à l’aquarelle
Où se trouve l’amour il n’y a pas de fiel
Juste une pluie de fleurs aux nuances pastel
A la faveur d’un ciel à l’accent du midi
Dans le tréfonds moelleux d’un passé sans rancune
Dans les déserts rigides macère le vomi
Les sentiments s’écorchent et la vie se consume
Les pas désorientés se perdent dans la nuit
Dont la froideur des jours met le cœur en bitume
Le temps a délavé le bleu nuit de mes ailes
Le temps a dessiné ma vie à l’aquarelle
Comment sauver l’amour quand il fuit dans le ciel
D’une pensée ruinée où l’horreur nous appelle ?
Le temps doit nous servir à s’élever plus haut
Que ces bas sentiments de haine qui font écho
Le jasmin s’autorise un hiver fleurissant
Le meilleur de ma vie reste l’enfantement
Il moissonne le cœur d’un amour amplifié
Le temps doit nous porter vers la sérénité
Le temps a délavé le bleu nuit de mes ailes
Le temps a dessiné ma vie à l’aquarelle
Pourchassant les démons qui s’accrochent et s’emmêlent
Aux nuances légères, pures et cicatricielles
D’un vent manipulant par sa perversité
Les ailerons fragiles d’un gouvernail blessé
Le temps prête à mûrir de précieuses pensées
Ne gâchons pas nos jours sur des mers polluées
J’ai gommé sur mon cœur le bleu nuit délavé
Que le temps a fleuri de myrrhes parfumées.