Regards philosophiques (182)

Publié le par G-L. P. / J. C.

Thème :

« Les hommes ont fait l’histoire,

ou,

quelques hommes ont fait l’histoire ?  »

1

Introduction :

L’Histoire n’est pas faite que des choses advenues, que des faits et événements majeurs relevés et transmis à la postérité, elle est aussi le résultat d’un faisceau d’événements plus ou moins importants, plus ou moins connus, tels ceux qui sont classés dans la petite histoire, et qui n’en ont pas moins influencé le cours de l’Histoire (avec un « H » majuscule). De  là, nous avons deux, voire trois approches :
1° Celle de Condorcet, qui dit que le peuple est le véritable moteur de l’histoire, ce que nous explique aussi, tout au long de ses écrits, Machiavel, pour qui les peuples, tout autant que les princes, font l’histoire.
2° Ou celle, par exemple, d’Alexis Carrel, dans son ouvrage L’homme, cet inconnu : « L’humanité n’a jamais rien gagné par l’effort de la foule. Elle est poussée en avant par la passion de quelques individus, par la flamme de leur intelligence, par leur idéal de science, de charité ou de beauté. »
3° Et enfin, on ne peut évacuer le fait que l’Histoire, telle qu’elle nous est transmise, fut la transcription, voire l’interprétation, qu’en firent les historiens.
L’Histoire, avec un grand « H », est aussi faite de toute notre histoire, nos histoires, avec des petits « h ». Ce sont comme des milliers et des milliers de ruisseaux qui alimentent ce grand fleuve qu’est l’épopée humaine depuis sa création. Parfois, un petit événement passé inaperçu peut avoir une influence plus ou moins importante sur le déroulement de l’histoire des hommes : c’est un peu l’effet papillon, ce léger déplacement d’air.
J’ai retrouvé le goût de la lecture avec l’Histoire. Pas la grande histoire, mais avec la petite histoire. Un adulte de mon entourage lisait beaucoup ; cela m’intriguait. Il m’a prêté le premier volume d’une série : Vieilles maisons, vieux papiers, petite histoire au temps de la Révolution Française et de l’empire, par G. Lenôtre [de son vrai nom Théodore Gosselin].
Ainsi, pour prendre un premier exemple : lorsque le révolutionnaire Camille Desmoulins intègre à l’âge de 16 ans le lycée Louis-le-Grand à Paris, depuis quelques mois l’ordre des  jésuites a été supprimé. Désormais, on n’enseigne plus l’histoire vue par les Pères de l’Église, mais la démocratie d’Athènes, de Sparte, et les Révolutions romaines. Ce nouvel enseignement dans des esprits jeunes, propres à s’enflammer, va former des esprits comme : Robespierre, Saint-Just…
Ce monde, son histoire, à mon sens et en désaccord  avec Hégel pour qui l’histoire aurait un sens caché, c’est celle des individus, comme des peuples, laquelle est soumise aux lois de la contingence, d’un faisceau de hasards, puis d’un « chemin qui se fait en marchant », d’où peuvent émerger des meneurs. L’émergence de personnages hors du commun va, bien sûr, influencer le cours de l’Histoire, mais, seuls, ils ne seraient jamais passé à la postérité, comme nous le dit Chateaubriand dans ses Mémoires d’Outre-tombe : « Napoléon entre en plein dans ses destinées : il avait eu besoin des hommes, les hommes vont avoir besoin de lui ; les événements l’avaient fait, il va faire les événements. »
L’histoire, à mon sens, n’a pas de programme ; c’est l’imprévu qui est au programme, c’est lui « le pilote dans l’avion » de l’Histoire. Mais nous ne pouvons pas, pour autant, dire que seul le hasard et que seuls les peuples décident de leur destin. Toujours, des groupes d’intérêts, économiques, politiques, religieux, philosophiques, poursuivent une vision d’un idéal, et ceux-là tâchent d’imposer leurs idées. De plus, aujourd’hui, ils possèdent et disposent de puissants moyens médiatiques pour agir sur l’histoire et l’orienter.
Enfin, nous ne pouvons pas échapper à cette question actualisée : quel est, aujourd’hui,  le poids de la volonté d’un peuple dans son devenir ? C’est aussi le questionnement de l’écrivain Hartmut Rosa dans son ouvrage Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive : « Les acteurs sociaux ressentent leur vie individuelle et politique comme étant instable, sans direction, comme s’ils étaient dans un état d’immobilité hyper-accélérée. »
Alors, quel rôle, dans cette déjà longue histoire, fut celui des peuples, dans ce conflit permanent entre le désir des puissants, des plus riches, et le désir des peuples ? Quel pouvoir de faire son histoire reste-t-il aux peuples ? La question reste posée et l’on va en débattre.

 (A SUIVRE)

Extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

Avec nos remerciements.

 

Publié dans culturels

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