Roman : La mystérieuse robe blanche (16)
Passée la date anniversaire rappelant le décès de « Jo », comme elle aimait à l’appeler, cet enjouement venait accompagner les beaux jours qui s’étiraient, glissant moins vite vers le soir.
La brume qui flottait alors dans ses yeux bleus sombre, semblait s’estomper, séchant sous le soleil du midi, soulevant peu à peu la mante de deuil témoignant de sa peine.
En mai, fais ce qui te plaît ! Disait-elle d’un ton badin.
Lui aussi, avait l’humeur légère, à l’approche de l’été.
Le mois de juin arrivait à grands pas.
Il savait que ses écoliers, tout comme lui d’ailleurs, commençaient à rêver aux vacances.
Il se devait, en toute conscience, d’accomplir au mieux sa tâche jusqu’au bout, mais il savait s’organiser.
N’étant pas en retard sur les programmes, il s’autorisait quelques petits écarts, rendant ainsi son travail plus agréable pour tous.
D’abord, il multipliait les sorties dans les environs, rendant de ce fait, les cours plus pertinents.
Parfois, il invitait ses élèves à travailler dans la cour.
Alors, on pouvait voir chacun sortir prestement son pupitre, s’installant sous les platanes, sous l’œil amusé des moineaux discrets.
En ce début juin, un autre courrier était venu relancer de plus belle, le mystère de la robe blanche :
L’OR DES GENETS,
« POUR L’OR D’UN MOT D’AMOUR ! »
« Genêts » étant leur nom de famille, que pouvait bien signifier ce message ? De plus, la lettre O était à l’honneur.
Il reprit les courriers précédents, s’apercevant que les A et M étaient également valorisés.
En les plaçant dans cet ordre, « AMO », on pouvait penser aux débuts du mot « Amour », l’exergue serti sur la petite broche argentée de la robe.
Sa mère, première confidente, n’en fut pas moins déconcertée.
- L’or des genêts ? L’or d’un mot d’amour ?
Interrogea t-elle, bougeant sa tête de droite à gauche.
- A moins qu’une prétendante ne soit tombée sous le charme de mon fils, je n’y comprends rien de rien ! Surenchérit-elle d’un air taquin.
- Au diable toutes ces balivernes ! Répondit-il d’un air agacé, ponctuant tout discours sur un ton péremptoire.
Sa mère n’insista pas, mais elle savait, à son air, qu’il n’en restait pas moins galvanisé.