Roman : La mystérieuse robe blanche (21)
Il avait beau chercher dans son entourage, aucun indice particulier ne lui laissait supposer qui que ce soit.
Il y avait bien la mère du petit Franck, divorcée, qui venait souvent le trouver à la sortie des cours.
Mais elle voulait avant tout prendre des nouvelles de son fils, s’assurant qu’il suivait bien en classe.
Il y avait Sandrine, la belle-sœur de son cousin Philippe qui le charriait souvent lorsqu’elle le croisait au village. Mais, d’après les dires, elle fréquentait quelqu’un depuis Noël.
La boulangère était bien trop jeune pour lui, quant à la factrice, bien plus âgée, elle ne le regardait même pas.
Alors, qui ? Bon sang ! Qui ?
Tout cela l’intriguait tout de même !
Sa mère n’avait de cesse de l’encourager à sortir, manière de se changer les idées.
Il saurait peut-être le fin mot de l’histoire.
Lui qui incitait ses élèves à satisfaire leur soif de curiosité, les invitant à aller au-devant des autres, à s’intéresser à eux, les conviant au partage, à ne pas vivre égoïstement …
Chaque matin, avant de commencer les cours, il leur racontait quelques anecdotes, prônant les mérites d’un civisme exemplaire.
Par exemple, il les informait des conséquences désastreuses liées à la pollution.
Entre autres, le fait qu’un chewing-gum jeté dans la nature mettait environ 5 ans pour se désagréger …
Il leur expliquait également le plaisir réciproque d’un « Bonjour », un « Merci » …
La dangerosité d’un conducteur automobile à refuser une priorité à un autre véhicule ou à eux, piétons, qui souhaitent traverser aux passages qui leur sont réservés.
L’autre jour, il leur avait raconté :
- En sortant du cinéma, la personne devant moi m’a carrément lâché la porte sur le nez.
Déjà, ce point les avait fait beaucoup rire, il enchaîna :
- C’est quand même beaucoup plus agréable de côtoyer des gens respectueux que ce genre de pignoufs.
Le terme de pignoufs les avait littéralement fait marrer, mais le silence qui s’ensuivit lui laissa supposer que, malgré tout, ses paroles n’étaient pas que du vent.
Elles avaient un impact sur eux, il le savait pour l’avoir vérifié à maintes reprises en observant leur comportement.
Il n’avait pas choisi ce métier uniquement dans le but de les instruire.
Il voulait aussi leur ouvrir l’esprit.
Mais surtout, surtout, faire en sorte qu’ils aient du cœur.