Regards philosophiques (189)
Thème :
« Estime d'autrui, estime de soi »
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► Je pense qu’on peut avoir de l’estime de soi, car en principe on se connaît bien, on connaît toutes ses faiblesses, et chacun de nous a ses faiblesses.
► Si on n’a pas un peu d’estime de soi, comment apprécier, comment estimer autrui ?
► L’estime de soi navigue entre connaissance et désir de reconnaissance, par l’évaluation pour mieux se connaître ou mieux connaître les autres. C’est un euphémisme que l’expression « j’aime bien cette personne » (on n’emploiera pas le mot amour), quand il y a une démarche positive. On cherche à connaître l’autre, on l’étudie, on l’examine,avec l’espoir d’y trouver le bon.
En revanche, ce qui se fait « à l’estime », c’est tout autre chose, on est « au pifomètre ».
Quand on voit toutes les expressions avec le mot « estime », il s’en dégage un aspect positif. On donne en quelque sorte une valeur morale à une personne, laquelle parfois
peut vous devenir précieuse.
► Dans estime, estimation, je vois un sens d’évaluation. On pense davantage à quelque chose de plus valorisant qu’une simple estimation. Je n’ai aucune estime pour moi-même, d’autant plus que je ne pense pas avoir une grande valeur. Par contre, j’ai davantage d’estime pour les autres et je suis plus encline à évaluer leurs actes positifs qu’à me souvenir des moins bien. Il n’empêche qu’il y a des personnes que je méprise. Plus que l’estime, je me placerai en regard de l’autre dans le respect.
► On a coutume de dire : « Il faut s’aimer soi-même pour aimer les autres. » Je pense que l’estime de soi, cela se construit dans l’enfance. On commence mieux quand on a des parents bienveillants qui savent valoriser les qualités, sans pointer du doigt sans arrêt les défauts. Si, au contraire, on l’aide à contrer ses défauts, l’enfant a de meilleures chances d’avoir de l’estime de lui-même. Il a besoin de sentir que ses parents, ses proches ont une bonne opinion de lui.
C’est difficile de parler de ce sujet sans parler de soi, ce que je n’aime pas du tout. Je me fais violence. Je suis arrivée à l’âge adulte avec une très mauvaise opinion de moi. J’ai surmonté cette situation en développant plus d’altruisme. J’ai appris à écouter les autres, leur prendre la main, les aider…
En fait, être en empathie avec les autres m’a permis de restaurer l’estime de moi, ce qui m’a même amenée à me poser la question de savoir si cet altruisme n’était pas surtout un acte qui m’était destiné ; en aidant les autres, c’est un peu moi que j’aide. Cela va même jusqu’à l’apparence, telle la « coquetterie » pour plaire aux autres, pour trouver ce regard qui vous rassure.
Dans un article*, la psychanalyste Sophie Cadalen dit ceci : « Tant qu’on s’en remet au regard des autres, on est très vulnérable. »
[* Article Bien vieillir, ça sert à quoi ?, paru dans le magazine Elle du 19 juillet 2013, l’intervention de Sophie Cadalen étant sous-titrée : Etre en accord avec soi.]
► On a souvent des problèmes de complexes ; il faut essayer de les surmonter. Puis, il y a l’expérience de la vie qui nous aide. Mais pour s’estimer, se juger, je me demande si on peut vraiment se connaître.
(A SUIVRE)
Extraits de restitution d'un débat du café-philo
Avec nos remerciements.