Regards philosophiques (190)

Publié le par G-L. P. / J. C.

Thème :

« Estime d'autrui, estime de soi  »

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Débat :

► Quand on parle d’estimation, il y a une notion d’approximation et une notion de subjectivité. Quand j’ai lu le thème, je me suis posé la question quant à l’estime d’autrui. S’agit-il de l’estime que l’on porte aux autres ou l’estime que les autres nous portent. En fait ces deux notions et l’estime de soi sont très liées.
C’est vrai que c’est dans l’enfance qu’on se construit, et c’est aussi très difficile de se construire une vie d’adulte équilibrée et de trouver la confiance en soi. L’estime de soi, c’est à partir du regard des autres. C’est en ce sens (et sans tomber dans la psychanalyse) que, me sentant utile aux autres, je me valorise un peu. J’ai du mal à croire aux compliments que l’on me fait, alors que j’ai plus tendance à croire aux critiques. L’estime de soi et l’estime d’autrui sont terriblement en interaction, c’est pourquoi il faut se méfier de ne pas blesser l’autre, car on peut y perdre aussi.

► L’estime de soi, l’estime des autres, c’est un jugement de valeur à partir de certains critères. Il ne peut pas y avoir d’estime de soi injustifiée. Je ne pense pas que l’estime de soi, se construise dans l’enfance ; elle se constitue toujours et elle nous pousse à atteindre les buts que l’on s’est fixés.
On a évoqué aussi l’estime de soi en fonction des connaissances intellectuelles. Je pense que nous avons tous des savoirs qui nous valorisent ; ce sont des valeurs estimables. Une personne manuelle peut avoir ses valeurs qui vont la rendre estimable, tout comme un PDG peut ne pas mériter sa fonction. Cela dépend de comment on gère son savoir et comment se crée la relation aux autres.
Donc, je voulais préciser que tout au long d’une vie, on peut parfois s’estimer, parfois se sous-estimer. Nous sommes dans une certaine relativité.

► Nous avons mis en avant des parents aimants pour aider l’enfant à s’estimer. Mais il faut aussi se méfier du laxisme, qui peut faire des dégâts ; on connaît ces « enfants-rois » à qui on a supprimé toute contrainte. Le risque est que l’enfant développe plus qu’une estime de soi, mais un sentiment de toute-puissance. Dans ce cas, il ne pourra acquérir l’estime des autres.

► On peut difficilement se connaître soi-même et savoir comment on pourrait réagir dans une situation donnée. « Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt sur les ruines d’un champ de bataille, » dit la chanson de Jean-Jacques Goldman, « aurais-je été meilleur ou pire que ces gens, si j’avais été Allemand ? »

► J’ai entendu souvent le mot confiance ; c’est bien sûr la base de l’estime. Si on n’a pas confiance en soi, il est difficile d’avoir confiance dans les autres, et on ne peut en retirer leur estime. La confiance que me manifeste l’autre m’aide pour l’estime de moi.
Au départ, l’estime de soi se construit dans la famille, mais si on n’a pas cette chance, il y a les autres, et, là, c’est une question d’échange. L’estime, dans les divers sens évoqués, cela se construit, cela se cultive, cela se mérite.
J’ai voulu illustrer mon propos avec une métaphore : j’ai comparé cela à une invitation à un apéritif, où chacun doit connaître ses capacités face à l’alcool. Dans cette image, j’y vois
la nécessité du respect de chacun et de la prudence dans le rapport à autrui.
Tout est question de connaissance de soi et cela montre toute la complexité du juste milieu dans l’estime de soi et l’estime d’autrui, et il faut que cela soit sincère.

► Dans ce thème d’estime de soi, il y a quand même une question de tempérament. On est optimiste ou on est pessimiste. Si on est pessimiste, cela crée un certain handicap au départ ; on n’a pas confiance en soi.

► Estimer, c’est assumer une opinion ; dire « j’estime que… », c’est du domaine de la confrontation. Mais c’est une démarche qui veut rendre les choses positives. Dans cette démarche d’estime de soi, d’estime d’autrui, on est dans une démarche presque biblique, et aussi dans une démarche pour créer du lien social en dépassant les préjugés, en évitant les écueils de complexe d’infériorité ou de supériorité.

► Alors, on évalue et on estime après ?
 

(A SUIVRE)

Extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

Avec nos remerciements.

 

Publié dans culturels

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