Roman : La mystérieuse robe blanche (30)
Lison avait entendu la voiture quitter la cour et revenir s’y garer environ une demi-heure après.
Le jour n’allait pas tarder à poindre, signe que la fête était réussie.
Enfin, du moins, c’est ce qu’elle espérait vivement.
Le lendemain, il lui en avait fait part, sans trop de détails,
évoquant les signes d’un hasard manifestement débonnaire.
Les yeux de sa mère avaient brillé de la même façon que ceux d’Elsa la veille.
Les yeux d’Elsa ! Quelle superbe !
Ceux de Lison, aussi bleus et profonds, étaient changeants. Ils prenaient la couleur du ciel, s’obscurcissant les jours de pluie, lui donnant cet air triste.
Ceux d’Elsa étaient rieurs et lumineux, sublimés par de longs cils noirs accentuant leur brillance.
Ils transperçaient le cœur de Tédéric de façon douce et indolore, bousculant ses habitudes et ses rituels avec délice.
En dépit des risques encourus, il reconnaissait que la monotonie de ses jours d’avant n’avait rien à envier à sa nouvelle vie.
Ils s’étaient revus plusieurs fois. Il savait désormais qu’Elsa n’était pas la messagère anonyme de la mystérieuse robe blanche.
Il n’en saurait peut-être jamais rien de plus.
Peu importait ! L’essentiel était là, ici et maintenant, dans cet amour qui les unissait pour le meilleur et pour le pire.
La robe blanche pendait toujours sur l’échelle de meunier. Un jour peut-être, il lui raconterait, à elle, à leurs enfants, à leurs petits-enfants … cet événement particulier.
Lison n’en tenait pas plus cas.
Elle se contentait de vivoter entre la chaise et le fauteuil. Ses forces s’amenuisaient de jour en jour.
Elle avait apprécié la rencontre.
Enchantée de faire la connaissance de cette jeune fille adorable qui rayonnait dans le regard de son fils bien-aimé.
Tout cela lui réchauffait le cœur.
Lorsqu’elle y pensait, elle en était, à chaque fois, émue aux larmes.
Cette petite avait un charme fou !
Lison commençait à s’attacher à elle.
Elle la trouvait joviale, rayonnante, et parfois même très drôle.
Elle avait une allure décontractée et sa petite taille lui donnait un air enfantin.
Tout comme elle, elle aimait la musique, et tout comme elle, elle chantonnait souvent.