Film : « TIMBUKTU »
« TIMBUKTU » du réalisateur Malien Abderrahmane SISSAKO, avec Ibrahim AHMED dit Pino , Toulou KIKI, Abdel JAFRI.
« TIMBUKTU », ayant reçu le prix du jury œcuménique au festival de Cannes 2014, (peut-être méritait-il mieux), nous dépose directement dans le Mali contemporain, au cœur d’un petit village occupé par des djihadistes, tristement célèbres aujourd’hui.
Devant le grand écran, nous vivons et ressentons de plein fouet, avec les villageois, les lois imposées par ces « fous du désert » qui n’hésitent pas à s’octroyer le Coran et l’Islam pour, paradoxalement, faire respecter leur loi, contraire aux droits humains.
Concrètement, nous sommes invités à nous glisser sous la tente d’un couple parental pour partager leur vie de paysans éleveurs de vaches. Le paysan sera condamné à mort plus tard.
Nous découvrons ensuite une femme fière et respectée (pour folie… douce) s’entourant d’un univers de magie, pour mieux se protéger des hommes. Elle va barrer autoritairement la circulation d’une voiture de « fous » avec son corps, comme sur la place tristement célèbre Tian an Men, il y a quelques années, avec cet étudiant chinois qui avait stoppé un char à lui tout seul avec sa simple détermination.
Nous allons au marché, sur la place, où une poissonnière est sommée de porter des gants ! Quelle hérésie ! Comment découper les produits de la pêche, comment les décortiquer ?... Elle va se rebeller, contrairement à sa mère qui l’enjoint de se taire, consciente du danger.
Le chant est interdit, la danse aussi !!! …. Comment font les artistes pour assouvir leur passion ? Vous imaginez ? Quelle sera leur punition ?
On verra aussi des horreurs comme une lapidation…
« TIMBUKTU » ou Tombouctou, signifiant poétiquement « le chant des oiseaux », est un film électrisant pour les occidentaux que nous sommes, car il nous permet de passer de l’autre côté du Miroir, de comprendre ces pauvres gens, dont la misère est criante, et qui sont nos frères de la planète…
C’est vrai qu’il y a un angle scolaire ou linéaire, dans la mise en scène de Sissako, mais, ce parti-pris ne gâche, en aucun cas, les émotions reçues, la rage contenue, les larmes dues à notre impuissance, dans notre monde aseptisé.
« TIMBUKTU » est sélectionné ou nominé aux oscars 2015 en tant que « film étranger ».