Regards philosophiques (195)

Publié le par G-L. P. / J. C.

Thème :

« Les guerres sont-elles inévitables ? »

3

Débat :

► On peut tenter de définir brièvement les moteurs de la guerre ainsi : Primitivement, pour la nourriture : les hommes préhistoriques se sont battus à mort pour une poignée de glands. Puis, lutte pour les abris, un territoire, les compagnes (puisque, la plupart du temps, ce sont les hommes qui ont fait la guerre). Puis, je listerais globalement en quatre grands points :
1°) L’ambition d’un homme, d’un groupe d’hommes, d’un peuple, d’une nation, parmi lesquels se détachent dans l’Histoire : Alexandre le Grand, César, Napoléon, Hitler…, les grandes guerres de conquête.
2°) L’égoïsme et l’envie concupiscente chez un homme, un groupe qui veut s’accaparer le territoire et les richesses d’autrui. Cela donne également les guerres de conquête, l’or de nouveau monde ou, plus près de nous, les guerres pour les ressources énergétiques.
On peut développer cette voie par la guerre économique qui se livre aujourd’hui, non pour le bien-être des peuples, ainsi qu’on cherche à nous le faire accroire, mais pour la recherche maximale du profit, une guerre qui fait aussi nombre de victimes.
3°) La haine envers une catégorie d’individus, qui entraîne des guerres ethniques, des génocides, la dernière étant le Rwanda.
4°) Les croyances. Des guerres pour imposer un modèle politique, pour imposer une croyance religieuse.
L’Histoire est remplie de guerre de religion, de croisades meurtrières. Aujourd’hui encore, la  grande menace d’une terrible guerre a encore ses fondements dans la religion.
Penser qu’on puisse éradiquer, éviter, les guerres tient à mon sentiment, hélas, d’une dangereuse naïveté, d’une utopie totale. Des penseurs, des philosophes ont pu imaginer, espérer que les hommes finiraient par ne plus se faire la guerre. Ce fut la belle utopie de Kant et des philosophes des Lumières, qui pensaient qu’une fois les hommes tous éduqués, libérés des croyances religieuses mortifères, une fois les principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité établis, les hommes ne se feraient plus jamais la guerre. Les Lumières ne savaient pas combien l’avenir était sombre. Sombre et meurtrier.
► Nous avons évoqué les guerres pour les matières premières, les guerres de territoire, de colonisation, de populations qui veulent s’étendre. La politique est aussi un univers, un facteur de guerre. Il y a aussi des guerres sociales, celle de pays nantis contre des pays en voie de développement. A chaque fois, dans une guerre, il y a quelque chose qui revient, c’est le besoin de s’approprier des biens de l’autre.
Je pense que ces attitudes-là sont basées sur l’envie, mais aussi sur la jalousie. Quand les gens sont jaloux, ils sont tout à fait prêts à haïr et à nuire. Le conflit est au niveau individuel, comme au niveau collectif. Au niveau individuel, ce serait plus un problème de violence et, au niveau collectif, plus un problème de civilisation.
Il n’empêche que quand on est soi-même en proie à des pulsions violentes, on sera beaucoup plus vulnérable ; quand on nous demandera de partir à la guerre, on sera plus près d’accepter que les dirigeants nous disent : « Il faut se battre ! », « Il faut y aller ! »
Il y a des gens qui sont résolument non-violents, ils ne se battent jamais. Si on les envoie de force à la guerre, ils ne tireront pas. D’autres ne demandent qu’à aller au conflit.

► Je rappelle que nous appartenons à la race animale. Il y a des meurtres chez les animaux, des guerres de territoire, de clans… La part animale qui est en nous nous incline à une certaine violence. Au début, les guerres de tribus ne faisaient que quelques morts, puis c’est allé jusqu’à des millions. Mais je pense, j’espère qu’il y a toujours une solution possible pour éradiquer les guerres.

► Dans les solutions possibles, il y a les organisations institutionnelles qui peuvent progresser. Après les crimes de guerre, crimes contre l’humanité de la Seconde Guerre mondiale, des tribunaux internationaux se sont mis en place. Ces institutionnalisations de la paix n’en sont qu’à leur commencement.
Le sujet m’a fait penser à « La guerre de Troie », où les peuples, à partir de l’enlèvement d’Hélène, se sont coalisés pour faire la guerre, des nations se sont alliées par un pacte. Agamemnon et les rois grecs illustrent la première institutionnalisation de la guerre (même si nous sommes dans la mythologie).
On commémore la guerre de 1914-1918, une guerre qui commence par un assassinat, puis un jeu d’alliance, qui mène à une catastrophe mondiale : « la grande boucherie ». Maintenant, on a réfléchi à la coopération des nations et, en dehors de toute mécanique guerrière, on a contré des guerres.

► Lorsqu’une guerre se termine, les hommes se promettent qu’ils ne se feront plus la guerre.
Après le « grande boucherie » de 1914 – 1918, on entendait : « C’est la der’ des der’ ! » Puis, moins de trente plus tard, après un autre carnage, on entendra : « Plus jamais ça ! »
On croit avoir coupé tous les bras de l’hydre et chaque fois il en repousse un. L’état de guerre est en l’homme.

► La guerre est le propre des civilisations guidées par la compétition, j’en suis d’accord. Je reviendrai sur la préhistoire. Au Paléolithique, on n’était que dans la cueillette, mais au Néolithique, c’est l’avènement de l’agriculture, il faut garder les provisions. C’est quand les hommes ont de « l’avoir » que naissent les conflits ; il faut défendre ce que l’on a ou aller prendre chez l’autre ce que l’on n’a pas. Cela amène de nos jours a des sociétés de compétions, compétitions entre les entreprises et mise en compétition de tous les salariés du monde entre eux, une autre forme de guerre, qui fait des victimes.
Aujourd’hui donc, les guerres, ce n’est plus avec des armes, c’est la guerre économique, avec des règles que se sont données ceux qui ont le pouvoir économique, pour se mettre, au-dessus des gouvernements, avec des règles pour le profit maximum, rapide, sans s’occuper des dégâts.
Nous déplorons souvent les guerres dont avons semé les germes et où nous avons une large part de responsabilité ; c’est le Liban, L’Afghanistan, la Libye et, aujourd’hui, l’Ukraine.
Alors, face à cette guerre économique, qu’est-ce qu’on peut faire pour que la guerre change de camp ? Pouvoir parler ouvertement des toutes les responsabilités dans les guerres peut faire reculer la guerre.


(A SUIVRE)

Extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

Avec nos remerciements.

Publié dans culturels

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article