Roman : La mystérieuse robe blanche (38)
Il lui fit signe de continuer. Il se pencha en avant, les paumes de ses mains posées sur son visage, comme pour mieux intérioriser chaque mot, chaque syllabe.
Elle poursuivit la lecture …
… Cette robe, venue sans doute là, portée par le vent de la providence …
Il écoutait attentivement les derniers mots de sa mère au travers de cette lettre. Nonobstant la douleur, il la relirait bien souvent par la suite, jusqu’à la savoir par coeur. On ne peut fuir éternellement la souffrance, sans quoi, elle vient s’encanailler, laissant nos corps sclérosés. La force de vivre se puise dans les mots du coeur, ces mots bleus, dont seul l’amour en est le maître. Elsa ne s’était plus arrêtée de lire. Tédéric découvrit alors les dernières paroles de sa mère. Celles même qu’il n’avait pu finir de lire :
… Et lorsque ton petit te diras, tout comme tu me disais : « Apprends-moi ! », alors tu penseras à moi, à nous, à ces instants magiques qui nous unissez, qui ont bercé nos jours de tendresse et d’affection.
Au-delà du temps et de la mort, tu sauras ainsi que notre amour est éternel. Nous nous sommes tant aimés !
Longue vie à vous trois, mes enfants, que j’aime éperdument. Je t’embrasse tendrement,
Maman
L’absence
C'est une nuit qui tombe
C'est une poésie aussi
Où passaient les colombes
Un soir de jalousie
Un livre est ouvert
Tu as touché cette page
Tu avais fêlé ce verre
Au retour d'un grand voyage
Il reste les bagages
L'absence, la voilà
L'absence
D'un enfant, d'un amour
L'absence est la même
Quand on a dit je t'aime
Un jour...
Le silence est le même.
Serge Reggiani