Roman : La mystérieuse robe blanche (39)

Publié le par M. P.

Roman :
               La mystérieuse robe blanche
                                         

                                            Martine POUTOU

39

Ces mots qu’elle lui avait écrit, louanges galvanisées, telle la caresse d’un soleil opale glissant ses rais au plus profond de son être, ces derniers mots, lus et relus encore, venaient moucher l’absence de cet être cher.
Ces mots bleus, qu’il n’avait pu lui exprimer verbalement, engoncés au plus profond de lui, mots que l’on ne peut traduire sinon par la tendresse manifeste qui émane de soi, dans une connivence tacite où chacun se comprend.
Il était heureux d’avoir pu l’accompagner.
Heureux d’être resté là, auprès d’elle jusqu’à son dernier souffle.
Cette femme, sculptée dans sa chair, qui avait tissé les fils de soie de son enfance, résonnerait en lui pour toujours.
Désormais, le silence disait qu’elle ne serait plus !
Sa vie était passée comme passe le temps qui s’évapore des parfums, des baisers, des larmes …
Des arbres des vergers, coulent des larmes de miel.
De la fenêtre de la chambre, Tédéric regarde au dehors.
En ce mois de mai, l’aurore flammée perce le ciel bleuté.
Les cimes enneigées se précipitent sur l’étendue des vallées, empruntant de multiples lacis.
Il devine les sentiers annelés de rochers, passant par les bois où la brise vient égrener leurs essences rares et variées sur le monde en devenir.
Sur cette image qu’il vient de graver dans son esprit à tout jamais, il se souvient :
« Il est six heures au clocher de l’église
Dans le square les fleurs poétisent … »
Et sous la véranda, jardin d’hiver, les géraniums s’enflamment et s’émancipent.
De leurs pétales sanguins, à la peau de velours, suinte leur alcali.
Et sous l’alcôve mélancolique d’un ciel feutré, comme il fait bon vivre !
 

(A suivre)

Publié dans culturels

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