Roman : La mystérieuse robe blanche (40)
Au fil des jours …
Mon mari, Pierre Bernatou, élu maire du village aux dernières élections municipales de juin 1995, n’avait pas oublié sa promesse envers Tédéric.
A la rentrée des classes, l’instituteur avait obtenu sa mutation à l’école d’Adé.
Il s’occuperait désormais de la classe du Cours Préparatoire.
Afin d’en remercier les élus, à l’occasion des fêtes de fin d’année, ce dernier nous avait conviés chez lui, Pierre et moi, ainsi que Léon et Pauline pour un apéro dinatoire.
Ce fut l’occasion de nous présenter Elsa, son épouse ainsi que ses beaux-parents, Monsieur et Madame Lavandier.
L’année s’achevait presque, elle avait passé si vite !
Année marquée par la perte de Lison et la naissance de leur adorable fils, Yanou.
Il arrive parfois, dans la vie d’une famille, qu’une naissance vienne s’accompagner d’une mort !
Chacun avait évoqué les souvenirs d’antan, tristes ou joyeux.
Pierre et moi avions abordé quelques sujets d’actualité. Tédéric nous avait flattés, disant que nous ne changions pas, que les années n’avaient aucune emprise sur nous.
Léon avait raconté quelques anecdotes concernant ses nouvelles fonctions de premier adjoint au maire, quant à Pauline, elle en avait ri de bon cœur.
Puis, à la grande satisfaction de ses parents et grands-parents, c’était Yanou qui avait monopolisé toute notre attention, juste avant que le marchand de sable ne vienne le bercer.
Tédéric nous avait fait part de ses difficultés dans son travail, évoquant sa démarche ingénieuse pour mettre de l’ordre dans sa classe. En effet, quelques petits « caïds » croyaient y faire la loi, et il lui avait fallu beaucoup de patience pour en venir à bout.
Tout d’abord les jumeaux, Antoine et Adrien, qui cherchaient souvent la bagarre durant les récréations.
En classe, il y en avait toujours un pour mettre la pagaille, entraînant leur petit groupe de copains.
Tédéric avait bien compris pourquoi sa collègue de maternelle avait souhaité la création d’un poste supplémentaire.
Comment avait-elle pu gérer simultanément les classes de maternelle et de CP, en étant surbookée, avec, en prime, des énergumènes pareils ?
L’arrivée d’un maître, les avait quelque peu refroidis. Ils avaient bien essayé d’en faire qu’à leur tête, mais Tédéric n’avait rien lâché de sa pugnacité.
Son autorité, sa patience, son savoir être et son savoir faire en étaient venus à bout. Il avait souhaité rencontrer les parents, discutant, argumentant, négociant …
La charte qu’il avait élaborée en compagnie de ses élèves, exigeait un minimum de consignes à respecter.
Tous l’avaient signée. Il était notifié que tout dépassement de la règle serait sanctionné et tout effort récompensé.
Petit à petit, la confiance et les sentiments éprouvés envers leur maître les avaient réconciliés avec la sagesse.
Cet homme loyal était apprécié de tous.