Roman : "Au cœur de la tempête" (2)
cœur
Il faut parfois franchir des obstacles, passer par des tempêtes déferlantes pour goûter à la vie dans sa connivence la plus absolue.
Autrefois, je me suis accrochée aux ronces de ces chemins étroits et broussailleux, sous une pluie démentielle où la froideur du ciel peignait le jour de façon aussi funeste que la nuit, vous glaçant le cœur et l’âme jusqu’à ronger vos chairs torturées qui, longtemps après, peuvent saigner encore.
L’automne de mes jours s’en allait voir l’hiver.
Noël approchait peu à peu et bientôt les familles se réuniraient pour passer le réveillon.
Noël m’enchantait toujours de la même façon que lorsque j’étais enfant.
En cette saison où le jour peine à se lever et où la nuit arrive bien trop vite, les enfants du village, saturés par ce trimestre un peu trop long, aspiraient à un peu de repos.
Déjà, ils rêvaient, la tête dans les nuages, à la magie de ces jours de grâce où les lumières de la fête viendraient remplacer la grisaille des jours, attendant ainsi que les cadeaux tombent du ciel.
Monsieur Genêts le savait bien et c’est pour cela qu’il n’avait pas voulu leur donner trop de travail.
Il souhaitait qu’ils profitent au mieux de leurs vacances, plus aptes ensuite à reprendre les cours.
Tous aspiraient à ce moment de trêve.
Tous, à l’exception de Candice, qui regrettait de n’avoir aucun devoir à faire.
Elle aimait l’école. Elle aimait son maître. Elle aimait le travail. Elle avait pris goût à l’étude, à la satisfaction du travail bien fait, goût à l’effort et à l’assiduité.
Mais surtout, elle aurait aimé pouvoir s’occuper l’esprit, évitant de trop penser, sombrant alors dans le désastre et le marasme de la déprime.
Elle appréhendait seulement d’affronter le vacarme d’un silence assourdissant, envahie par le manque noyé de solitude.
Portée par la tempête de ses jours identiques à ses nuits, brinqueballée dans la spirale d’un vent mauvais, saura t-elle combattre ses démons ?
Juste un regard, un mot, une rencontre … et tout peut basculer …
(A SUIVRE)