Regards philosophiques (205)
Thème :
« L'art rend-il l'homme meilleur ? »
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► Dans le roman « Lorsque j’étais une œuvre d’art » d’Eric-Emmanuel Schmitt, un jeune garçon veut se suicider et, là, un artiste génial et un peu fou, lui demande de lui donner sa vie, ainsi il n’aura plus de vie à lui, il sera comme mort sans se suicider et sans la souffrance. Le candidat au suicide accepte. A coups de scalpel, l’artiste va le modifier, le sculpter, en faire un Apollon, une magnifique oeuvre d’art, qu’il va nommer « Adam-Bis ». Il l’expose et attire les foules… Il est arrivé que des artistes se soient affranchis des règles morales au nom de leur art. Nous avons connu cela il y peu avec une exposition de cadavres statufiés. Certains ont crié au génie, d’autres ont crié au scandale. Cela repose le problème du lien de l’art et de la morale, de l’art et de l’éthique. Doit-on mettre des limites de morale et de décence, de respect de la dignité humaine ? Même si l’art n’est pas soumis aux règles de morale, ce genre d’exposition a choqué nombre de personnes qui ont vu là un art dégénérescent.
► Voici un extrait de William Shakespeare (L6/II) de Victor Hugo : « Ah ! Esprits ! Soyez utiles ! Servez à quelque chose. Ne faites pas les dégoûtés quand il s’agit d’être efficaces et bons. L’art pour l’art peut être beau, mais l’art pour le progrès est plus beau encore. Rêver la rêverie est bien, rêver l’utopie est mieux. [...] Parlez-lui donc de l’art pour l’art à ce cénobite de l’idéal. Il a son but et il y va, et son but, c’est ceci : le mieux. Il s’y dévoue. »
► On peut tenter aussi d’illustrer le thème avec le personnage mythologique de Pygmalion. (De mémoire): Ce dernier était fâché de la conduite des jeunes femmes de Chypre et aucune n’avait pour lui la grâce et la beauté qui aurait pu lui donner envie du mariage. Pygmalion avait un don dans l’art de la sculpture. Il se mit alors à sculpter la femme idéale. Il fit une œuvre d’une si grande beauté et si proche de la réalité qu’il tomba amoureux de sa statue. Rempli de tristesse de ne pas pouvoir rencontrer de beauté équivalente, il se rendit au temple d’Aphrodite et l’implora. Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté, touchée par ce garçon, touchée par cette sublimation de la beauté, décida de faire quelque chose pour lui. Revenu à son atelier, comme à l’accoutumée, il va caresser, puis embrasser sa belle statue, il lui pose un baiser sur les lèvres et, là, il sent, tout à coup, que les lèvres de la statue sont douces, que sa peau est tiède, que la statue lui rend son baiser. Aphrodite honorée par cette œuvre d’art avait donné vie à sa statue. Il la nomma Galatée et l’épousa. Si cela ne l’a pas rendu meilleur, pour le moins cela l’a rendu heureux. (Et il nous reste une belle histoire !)
Œuvres citées :
Les violons d’Auschwitz. Angels Anglada.
Richard II. Shakespeare.
Quand j’étais une œuvre d’art. Eric-Emmanuel Schmitt
(FIN DU THEME)
Extraits de restitution d'un débat du café-philo
Avec nos remerciements