Regards philosophiques (208)

Publié le par G-L. P. / J. C.

 

Thème :

« Quel est le rôle de la fête ? »

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Débat :

► Dans toute l’antiquité, il y a eu des fêtes païennes, profanes, fêtes des moissons, des vendanges, etc. La religion chrétienne n’a pas voulu supprimer ces fêtes ; elle les a remplacées par des fêtes religieuses, comme pour le solstice d’hiver qui deviendra Noël.
Ces fêtes sont aussi des marqueurs du temps, basés sur la vie quotidienne. Il existe toujours en province des fêtes des moissons ou des vendanges, avec, à la fin, un grand repas. Le sens de la fête, c’est avant tout : nous sommes ensemble.
 
► Il y a plein de fêtes collectives qui ont disparu, mais on en invente, on en crée d’autres. On les remplace, on les recycle ; on ne voit presque plus de carnavals, ils ont été remplacés par Halloween.

► Les fêtes se recyclent et parfois le sens perdure. Ainsi, la Saint-Valentin était à l’origine une fête du culte de Mithra en Asie mineure, où l’on fêtait un dieu de la fécondité. Puis, chez les Romains, quelques siècles plus tard, on va fêter ce jour-là, un martyr, Valentin. Aujourd’hui, de nouveau, elle reprend ou prolonge sa symbolique première : c’est maintenant la fête des amoureux, la fête de l’amour. C’est une belle fête (même si on n’échappe pas à la récupération commerciale). Belle fête, dans le sens où tous les ans, on voit des trésors d’imagination, où un homme déclare sa flamme à la femme qu’il aime : ce sera de grandes affiches sur les murs avec des messages personnels, des banderoles tirées par des avions, des annonces dans les journaux, etc. Chaque année, il y a des trésors d’imagination pour trouver une nouvelle façon de dire : « Je t’aime ! ».

► Quand je parle de disparition des fêtes, en fait je parle de disparition du sens de la fête, parce que toutes les fêtes païennes ou profanes étaient des fêtes d’échange, de partage, pas des fêtes commerciales. Ceci pour préciser que l’évolution de notre société consumériste et individualiste oriente vers le développement de ces fêtes commerciales.

► Voici une citation de Pierre Desproges : « La veille du Mercredi des Cendres, c’est Mardi Gras. Les cons se déguisent en imbéciles pour passer inaperçus ! »

► La fête, c’est aussi pour se défouler. La société d’aujourd’hui nous conduit à transformer le rôle de la fête, la dévoyant en ce sens où ce n’est plus l’homme, les êtres humains qui sont au centre de la fête. L’économie de marché à tout bout de champ trouve un bon motif pour faire du commerce avec quelque chose qui était : se retrouver, échanger, partager, dans ces moments festifs où il n’y pas d’enjeu.
La fête peut aider à régler des problèmes qui par ailleurs ne pouvaient se régler. Je pense que la fête reprendra tout son sens si on remet l’humain au centre de la fête. Les fêtes c’est pour se connaître, mieux se comprendre ; je crains qu’aujourd’hui, elles nous amènent à oublier où l’on est, qui on est, où on va.

► Poème d’Hervé (acrostiche) :

LE 1er MAI
Fête du travail
Fêter ce jour férié, chômé, payé,
Exceptionnellement, l’Etat admet
Tradition oblige, de le populariser
En permettant la vente licite du muguet.
Défiler est la coutume désormais.
Utilisée, cette fleur fleurit en mai.
Travailleurs souvenez-vous !…
Revendicateurs, les ouvriers sont Américains,
Avant-gardistes de ce grand rendez-vous.
Vêtue de blanc à Fourmies, Marie Blondeau défile portant des fleurs.
Assassinée par la troupe, elle souhaitait faire baisser le temps du labeur.
Idéalisés, un triangle rouge et une fleur d’églantine rappelaient cette date,
Les clochettes odorantes symbolisent aujourd’hui le combat que je relate.


 

(A SUIVRE)

Extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

Avec nos remerciements

Publié dans culturels

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