Roman : "Au cœur de la tempête" (26)
Elle était fortement déçue du comportement de Joël et tout à la fois surprise que Thomas ne manifeste rien de cette étreinte déloyale.
Puis, ils avaient proposé une partie de poker pour finir la soirée, leur jeu consistant à faire boire au perdant un verre de vodka cul-sec. Mais, elle avait très vite capitulé.
Alors, ils lui avaient laissé le choix entre la vodka ou bien ôter, à chaque fois, un de ses vêtements.
Elle n’avait pas aimé cette soirée loufoque, avec ces jeux qui rendaient l’ambiance assez scabreuse. Elle partit enfiler son peignoir, et s’engagea à faire sa vaisselle.
Plutôt contrariée, elle les ignora, si bien qu’ils comprirent, quittant les lieux peu de temps après.
Joël lui avait avoué qu’il s’agissait d’un couple adepte de l’échangisme.
Il pensait que cela l’aurait quelque peu divertie :
- Il est bon parfois, de sortir de la normalité des choses.
Lui confia t-il.
Il prônait l’idée que tout cela ne pouvait être que libérateur, qu’on ne faisait de mal à personne, qu’il fallait savoir goûter à tous les plaisirs de la vie pour n’avoir rien à regretter :
Y’a pas d’mal à s’faire du bien ! Disait-il.
Pour sa part, aucun regret ! Le bonheur se trouvait ailleurs que dans ce genre d’orgies qui rabaissent l’humain au rang de la bestialité et qui ne subliment en rien le chemin de son évolution.
Tout au plus, sa conception de l’amour n’était pas celle-là.
Elle avait, soudain, la nette impression que ce bonheur tant attendu, passait la voir sans s’arrêter, lui filant entre les doigts.
Elle se consolait, se disant qu’il y aurait des jours meilleurs.
Des jours où l’eau redevient claire et limpide, des jours de grand soleil qui illuminent nos regards, des jours où dansent les papillons sous les feuillages en fleurs qui viennent d’éclore et dont le bruissement accompagne le chant d’un cabaret d’oiseaux en effervescence.
Lorsque la réalité n’est pas belle à regarder, il nous reste encore le rêve.
Et même si, par la suite, il est dur de remettre les pieds sur terre, ce laps de temps où la fuite devient nécessaire est une façon de colorier son album de souvenirs.
Afin de supporter le réel, c’est toujours ça de bon à prendre.
Par son comportement égoïste et irrespectueux, la confiance que Candice avait établie au contact de Joël était tombée bien bas. Ce climat s’était perdu dans un brouillard sordide, bafouant le lien qui aurait dû consolider leur amour afin d’unir leurs êtres à tout jamais.
Cette confiance même, essentielle à l’intégrité de leur relation, n’était plus.
Et bien évidemment, sans cette assurance, le couple devenait bancal, son ombre emplie de rancœurs et d’amertume.