Roman : "Au cœur de la tempête" (34)
Le bonheur avait quitté ce monde où elle ne se retrouvait plus. Elle était brisée par l’humiliation.
La monotonie des jours et l’espoir d’un avenir meilleur perdaient toute crédibilité.
Elle était malade de cet amour, le manque venant ébranler sa force de vivre.
Elle n’avait plus aucun désir de rien sinon de lui et de sa présence.
Elle perdait pied, ne comprenant plus ce qui se passait. Comprendre ! Il lui fallait pourtant comprendre !
Perdue dans une mer de nuages où elle risquait de se noyer, elle était là, habitée par un esprit qui ne semblait plus être le sien.
Mais, est-ce qu’elle se connaissait vraiment ?
Qui était-elle? Qu’est-ce qu’elle cherchait réellement ? Qu’est-ce qu’elle attendait de la vie ?
Je crois bien qu’elle était malade. Malade d’amour !
« … Cet amour me tue, si ça continue, je crèverais seule avec moi … »
Ces derniers temps, il lui arrivait souvent de fredonner cette rengaine composée par Alice Dona.
Elle sonnait si fort à ses oreilles, par la justesse de ses mots, qu’elle lui correspondait tout à fait.
La torture mentale la harcelait, alimentant l’angoisse au quotidien. Au-delà de la solitude, elle avait du mal à supporter l’isolement.
Elle n’avait plus confiance en rien, fragilisée par une estime de soi bringuebalée.
Rien ne lui avait appris les fonctionnements de la pensée humaine. Rien n’avait forgé en elle un caractère suffisamment fort pour qu’elle sache se battre.
Elle savait défendre ses idées mais elle ne savait rien contre l’absurde qui ne rentre ni dans l’empathie, ni dans l’intelligence du cœur.
Elle n’avait plus de place en elle pour supporter tout ce qui est retors, plus de place pour ce mal qui la rongeait à petits feux, laissant les bleus de l’âme envahir son cœur.
Est-ce qu’elle devenait parano pour se méfier ainsi de lui ou bien la réalité venait-elle éclairer enfin cette petite étincelle qui s’appelle lucidité ?
En ce dimanche 18 décembre 2011, la météo annonçait de fortes pluies, mettant la région en vigilance orange.
Le temps était resté gris toute la journée. Le ciel s’était noirci de nuages épais qui rendaient l’atmosphère sombre et maussade.
Le plafond était bas et l’air devenait irrespirable.
Candice sentit l’angoisse l’envahir peu à peu.
Elle avait du mal à penser à autre chose.
De larges nimbus anthracite s’amoncelaient à une vitesse époustouflante.
Elle guettait ce tableau funèbre qui asséchait sa gorge nouée, l’empêchant de déglutir, respirant à peine.
C’est en fin d’après-midi que l’orage avait éclaté.
Lorsque le ciel se déchirait, laissant ses éclairs illuminer toute la pièce, elle éprouvait la douloureuse sensation que tout son être se brisait aussi.