Roman : "Au cœur de la tempête" (38)

Publié le par M. P.

Roman :
             

Au cœur de la tempête
                                         

                                            Martine POUTOU

38

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Elle se sentait encore trop fragile pour subir une éventuelle avalanche de mots empoisonnés et mortifères comme il avait le don d’en user trop souvent de manière toujours si convaincante. Elle aspirait à un peu de répit.

Après cette année psychiquement éprouvante, Candice souhaitait prendre un peu soin d’elle. La destruction mentale d’un être est une mise à mort tacite, plus ou moins latente, que personne ne voit venir.

Là, elle n’était plus rétive au changement. Son conte de fées, parti en fumée, l’emportait dans un autre monde.

Elle contemplait sa vie d’un regard plus objectif, mettant de côté les affects douloureux qui avaient nourri cette relation lobotomisée.

Elle était à la recherche d’un cocon protecteur fait de respect, de compassion et de petites attentions douces et délicates lui apportant la sérénité.

Elle avait su enfin trouver la force de rebondir. Son mental n’étant plus figé dans le dédale de cet amour anxiogène qui ne la portait plus. Elle n’avait plus cette vision erronée des choses. Sa capacité d’analyse allait crescendo et ses efforts de compréhension concentraient toute son énergie. Si bien que, lors de ses séances de thérapie, elle ressortait complétement vidée mais plus forte, dépolluée de cette vase collante et visqueuse dans laquelle elle s’était engluée. Elle avait décidé de retravailler. A peine avait-elle postulé qu’elle recevait une convocation pour un entretien au Centre Hospitalier de Lourdes, lui offrant un poste dans le service de chirurgie.

Les beaux jours revenaient, ouvrant les corolles des roses fourbies par la rosée. Le soleil printanier mettait le jardin en exergue, allumant la ramure des arbres en fleurs. C’est là, sous le cerisier, que Faustine avait fait ses premiers pas, sous une myriade de fleurs aux teintes neigeuses. Dans cet état de grâce, le printemps ravivait les couleurs qui explosaient au soleil. Candice allait bien, respirant de nouveau les doux parfums qui s’évaporent lorsque le vent s’emmêle dans l’herbe tiède.  Elle profitait de toute l’affection et la tendresse prodiguées par ses proches, êtres de confiance si précieux et si généreux, qui la comblaient. Léon et Pauline, fidèles amis, toujours aussi proches et compréhensifs, lui apportaient également tout le soutien moral nécessaire à sa reconstruction. La thérapie qu’elle effectuait, venait conforter l’idée que le bonheur de chacun se trouve sur le chemin de l’évolution de l’esprit.

Toujours est-il que ce voyage spirituel calmait l’orage qui obstruait son ciel déchiré que le printemps venait ravauder. Son nouveau travail lui convenait, aidée par une équipe soudée. Le stress du quotidien les obligeait à créer des liens forts et solides entre eux. Leurs journées passaient vite. Ses jours de repos, Candice les consacraient à s’occuper de Faustine. Ces jours-là, cette dernière n’allait pas chez la nounou. Candice s’en occupait comme si c’était sa propre fille, assouvissant son besoin de materner par ce désir d’enfant inassouvi. C’était à la fois un regret et une chance. Regret car elle désirait fortement être mère et une chance que Joël n’en fut pas le géniteur.

(A SUIVRE)

 

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