Roman : "Au cœur de la tempête" (41)
Il faisait très noir dans la pièce. Candice se souvenait d’avoir laissé les volets fermés à cause du soleil et de la chaleur. Elle se releva en grimaçant, une douleur vive envahissant son bras sur lequel elle était tombée. Elle chercha la sortie, à tâtons. Elle voulait fuir ce monstre qui grignotait sa vie. Avançant sans réfléchir, elle se dirigea tout droit vers la porte.
Ses doigts sentirent le corps de l’autre. Il était là, immobile, attendant sa proie pour mieux la dévorer :
- Ne crois pas m’échapper cette fois, ma belle ! Dit-il en ricanant, tu ne penses pas t’en tirer comme ça, tout de même ? N’essaie pas de faire ta maligne, sans quoi il pourrait t’arriver malheur.
Il la saisit par le bras, déjà suffisamment endolori, provoquant un cri d’orfraie qui l’encouragea à la maltraiter davantage. Le regard menaçant, dépourvu de tout altruisme, il la jeta sur le canapé sous la lueur discrète de son téléphone portable, ne voulant pas allumer la lumière.
- Je crois que l’on a des choses à se dire. La nuit devrait nous porter conseil.
Quelle illusion de croire que la nuit pouvait les éclairer. Pour Candice, pas besoin de la nuit, c’était suffisamment clair comme ça dans sa tête. Mais que dire au juste ?
Sa voix mielleuse n’était pas faite pour la rassurer.
Désormais, Candice était lucide. Elle avait suffisamment pris du recul et grâce à la thérapie qu’elle avait entamée, elle cernait désormais la situation avec un réalisme effrayant.
Surtout, elle voyait cet être sous son vrai jour, avec ce mental de névrosé, obsédé par l’idée insane qu’elle lui appartenait. Son seul souci était alors d’arriver à trouver les mots qu’il faut afin d’éviter tout drame.
Que dire, sinon que tout était fini entre eux ? Cela lui semblait impensable. Il y avait danger à évoquer le terme de rupture. Elle devait peser ses mots. Rester incertaine. Ne pas prendre de risques. Elle sentait que sa vie était en jeu. Ne pas le contrarier, ceci pouvant provoquer la moindre crise d’hystérie de sa part. Répondre au mieux à ses désidératas et gagner du temps, voilà ce qu’elle se devait de faire.
Demain, son frère chercherait à la joindre.
En attendant, il fallait passer la nuit.
Etait-ce sa dernière à vivre ?
Elle avait peur. Elle avait mal. Elle était remplie de haine, de rancœur, de dégoût, de tristesse. Elle avait la sensation de retenir ses pas sur la pente vertigineuse d’un ravin où le sol meuble pouvait la faire déraper à tout moment.
La concentration d’énergie que cela exigeait la vidait littéralement, l’obligeant à puiser des forces on ne sait où. Elle n’avait pas imaginé avoir autant de ressources intérieures encore capables de remédier à sa survie.
Joël était exempt de toute empathie, simplement fixé sur la seule idée de la dominer. Cet être se nourrissait de sa tyrannie et de sa brutalité. Candice n’avait pas d’autres choix que la soumission et l’obéissance.