Regards philosophiques (217)
Thème :
« Penser ou agir, faut-il choisir ? »
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► Je reviens sur le passage de la pensée à l’action pour aider quelqu’un en péril. Il y a chez les personnes des tempéraments différents. A partir d’une même saisie de la situation, d’une pensé identique quant au constat, l’égocentrique n’agira pas comme celui qui est animé par un sentiment d’altruisme et qui est plus prompt à l’empathie.
Mais si toutes nos actions, n’étaient qu’actions mûrement réfléchies, la vie serait tristounette. Le risque d’erreur, cela donne aussi du piquant.
► Dans une situation donnée, l’action va demander l’analyse des faits, des données, puis l’esprit va décider de l’action, sauf à ce qu’il soit programmé (éducation, milieu, croyances), sauf à ce que la décision ne soit pas qu’une procédure, réflexe de Pavlov, où le résultat de nombres d’actions extérieures, le logiciel l’ayant conditionné pour réagir ainsi. Comme nous le rappelle Spinoza : « A quoi bon vouloir, si toute pensée est esclave. Nous sommes conscients de nos désirs, mais nous en ignorons ordinairement les causes. »
Certains d’entre nous sont moins enclins à faire précéder leur action de la réflexion ; pour ces derniers, les usages, les coutumes, les principes normatifs, les règles sociales ou religieuses, les préjugés, sont d’autant plus la voie qu’ils suivent, qui les guide, et cela les dispensera dans bien des domaines de devoir faire des choix qui les engageraient. On peut entendre alors : « On a toujours fait comme cela ! C’est l’usage ! Ma religion me le dit ! »
Dans Idées et Croyances, le philosophe espagnol Ortega y Gasset, nous dit : « … ils se sont retrouvés devant un choix proposé, une opinion toute faite qui passait devant eux et ils l’ont pris comme d’autres prennent un autobus. » Force est de constater que l’action ne naît pas toujours d’une réflexion, d’où parfois des actes conséquents à partir de choix inconséquents.
► Quand il y a nécessité d’agir vite et de réagir, là, on trouve deux sortes de personnes : celles qui réfléchissent tout le temps et puis celles que se disent : « Qu’est-ce qui est le plus efficace ? » Cela peut demander trois à cinq secondes, mais cela peut tout changer. Il y a des personnes pour qui l’urgence peut avoir une certaine élasticité.
► Quelle que soit la volonté d’action, nous savons que nous n’avons pas fait tous les choix. L’écrivain argentin José Luis Borgès écrivait : « C’est la porte qui choisit ! », autrement dit, le destin. C’est dans les voies qui nous sont offertes que nous nous engageons, ce qui revient à dire que des circonstances ont prédéfini les possibilités.
Au-delà de cet aspect, choisir, pour certains, pose vraiment problème. « Choisir, c’est quitter ! », ai-je souvent entendu ; c’est renier tout à coup tous les choix qui s’offraient à nous, c’est abandonner tout à coup toutes les options qu’on avait pour ne rester qu’avec notre choix.
Dans Les nourritures terrestres, André Gide écrit : « … l’incertitude de nos voies nous tourmente toute la vie. Que dirai-je ? Tout choix est effrayant quand on y songe, effrayante une liberté que ne guide plus un devoir. C’est une route à élire dans un pays de toutes parts inconnu, où chacun fait « sa » découverte, et ne la fait que pour soi. De sorte que c’est la plus incertaine trace [...]. Et tu seras pareil [...] à qui suivrait pour se guider une lumière, que lui-même tiendrait en sa main. »
(A SUIVRE)
Extraits de restitution d'un débat du café-philo
Avec nos remerciements