Roman : "Au cœur de la tempête" (45)

Publié le par M. P.

Roman :
             

Au cœur de la tempête
                                         

                                            Martine POUTOU

45

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Prêt à tout, pour l’emporter dans son navire, peut-être même pour mieux l’y noyer ? Au secours ! Au secours !

Elle devait limiter cette étreinte.

La douleur de son bras donnait une excuse à sa réserve, ne sachant plus comment garder la distance suffisante pour s’éviter le supplice de son rut.

Il l’avait maintenant allongé sur le canapé, son bras callé par des coussins, il s’approchait pour l’embrasser.

Prétextant la fausse idée qu’elle n’avait rien mangé depuis midi, elle lui demanda de bien vouloir lui apporter un fruit. Elle en profita pour faire semblant de s’assoupir.

Il était revenu, caressant ses cheveux, son visage, ses seins. Ses mains parcouraient tout son corps, tendu et réfractaire, accompagnées de petits baisers qui le rendaient encore plus hideux et ridicule à ses yeux.

Elle le trouvait dédaigneux, heureuse cependant d’être libérée de cette ancienne passion grotesque dont elle s’étonnait encore. Elle s’en voulait tant d’avoir été si faible, si naïve, au point d’avoir succombé à cet amour d’une telle démence. Elle avait hypothéqué un peu de sa jeunesse par amour pour lui. Allait-il lui voler sa vie ?

Il prenait le temps de l’observer, de la flatter, de la dévorer des yeux comme pour mieux savourer  cet instant qu’il disait avoir tant attendu.

Mais là, le moment venu, elle avait pour sa part atteint la limite du possible. Où était donc passée sa niaque ?

Elle était atteinte de paralysie mentale, ne sachant plus comment résister à cet empressement.

Dans la petite maison d’à côté, la lumière venait de s’éteindre. Léon dormait depuis plus d’une heure, mais Pauline tardait toujours avant de trouver le sommeil. Alors, elle avait pris l’habitude de lire avant de s’endormir.

Elle venait de finir un des chapitres de son roman.

Il était 23 h 15. Elle ferma les yeux pour mieux se nider dans les bras de Morphée. A peine avait-elle éteint, qu’il lui sembla entendre un bruit inaccoutumé. Cela s’était déjà produit une fois qu’un mulot s’introduise dans la maison. Et elle en avait une sainte horreur.

Elle tendit l’oreille. Ce bruit n’était pas le fruit de son imagination. Il se passait quelque chose d’anormal.

On grattait à la porte d’entrée.

Elle réveilla Léon.

- Ecoute, lui dit-elle, y’a un bruit à la porte. Vas voir ce que c’est, s’il-te-plaît !

Léon qui n’avait peur de rien, ou presque, s’approcha de la porte. Le bruit venait bien de là. Il ouvrit.

- Michka, qu’est ce que tu fais là ? Va coucher ! Rentre à la maison ! Allez ! 

Ce chien semblait inquiet, comme s’il voulait leur signifiait quelque chose.

Pauline venait de rejoindre son mari :

« Candice aura certainement oublié de le faire rentrer ! » Constata-t-elle.

- Il est coincé dehors, va lui ouvrir le portail ! 

Mais Michka se refusait à suivre, allant dans l’autre sens en direction de l’église. 

 

(A SUIVRE)

 

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