Roman : "Au cœur de la tempête" (51)

Publié le par M. P.

Roman :
             

Au cœur de la tempête
                                         

                                            Martine POUTOU
51

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Tout de blanc vêtu, à l’instar des tenues portées par les joueurs de tennis à Roland Garros, un jeune homme faisait son footing matinal.

Après cette brève émotion, elle se ressaisit.

Elle admirait maintenant cette silhouette, vue de dos, se demandant quel visage pouvait bien se cacher là.

Elle, n’avait jamais pris plaisir à l’effort physique et restait toujours émerveillée face à cette capacité à se mouvoir aussi facilement. Dans cette côte raide et par ces premières chaleurs, cela relevait, pour elle, de l’exploit. Cette capacité à se déplacer aussi vite la laissait admirative.

Elle regardait s’éloigner cet inconnu, courant prestement,  avec une telle aisance ! Depuis son accident de scooter, elle s’était sentie moins alerte dans ce domaine. Seule, la marche lui convenait. Cela lui rappelait le temps où, en compagnie de Léon, ils suivaient tous deux le chemin que devançait allégrement Michka, son museau furetant de-ci, de-là. Les promenades avec Léon ! Pauvre Léon ! C’en était bien fini pour lui, toutes ces sorties ! Il se contentait, désormais, de quelques allées et venues de sa maison à la mairie. Ses pauvres jambes le faisaient souffrir, quant à son palpitant, il s’emballait trop vite.

Candice repensa au jeune athlète. Sa silhouette venait de fondre pour disparaître au loin, dans l’horizon pictural de ce matin ensoleillé. Allait-il repasser par là ou sa course continuerait-elle ailleurs ? Candice aurait bien aimé connaître ce visage inconnu qui était passé si vite.

Ce fut trois jours plus tard qu’elle le revit.

Alors même qu’elle venait de quitter le cimetière, il avançait, droit vers elle. Cette fois, elle l’avait vu.

Lui, l’avait regardée, lui souriant.

Il semblait même qu’il avait ralenti son pas, sa foulée semblant moins rapide.

A moins que ce ne soit le temps qui, ayant retenu son souffle, était resté suspendu au moment même où leurs regards s’étaient croisés.

De cet instant, elle saurait bien plus tard, combien tout cela resterait à jamais gravé dans sa mémoire.

De ce petit matin, elle se souvenait de tout :

L’odeur sucrée du chèvrefeuille en fleurs émanant du chemin, le chant joyeux du coucou caché dans le cerisier pigmenté de rouge que survolaient les martinets en poussant leurs cris stridents, la douceur du vent sur son corps fébrile ... Le ciel resplendissait d’une lumière vive.

Le soleil matinal dardait déjà les champs de ses feux précoces. La météo avait annoncé une chaude journée que de violents orages viendraient dissiper en soirée.

Mais rien n’aurait pu troubler l’humeur de Candice.

Elle revoyait sans cesse le visage de cet inconnu au teint ambré. Elle revivait le scénario. La moiteur de sa peau sublimait son teint halé. Quelques mèches brunes collées sur son front humide accentuaient la clarté de ses yeux.

Son sourire étincelait par la blancheur d’une denture parfaite. Il lui avait souri, et, comme s’il la connaissait, il avait dit : - Hello !

 

(A SUIVRE)

 

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