Roman : "Au cœur de la tempête" (52)
Il lui semblait soudain l’avoir déjà vu quelque part.
Ou bien, peut-être, lui rappelait-il quelqu’un ?
Elle l’avait regardé filer jusqu’à ce qu’il se perde dans le lointain.
Cet homme à la fois sensuel et viril lui avait donné le frisson. Elle avait bien senti son cœur s’emballer et ses jambes se ramollir.
Elle savait désormais écouter les signaux révélateurs que son corps lui transmettait. Elle avait appris à prendre confiance en ces signes opportuns qui ne trompaient pas.
Depuis sa rencontre avec Joël, elle n’avait jamais plus éprouvé ce genre d’états d’âme.
Maintenant, ses pensées naviguaient vers l’idée d’un éventuel amour qu’elle aurait bien volontiers mis en veilleuse, mais son cœur en avait décidé autrement.
Pouvait-elle seulement retrouver confiance en la vie ?
Etait-elle prête à prendre le risque d’aimer encore ?
Quelle folie ! Se disait-elle. A quoi rêves-tu, ma pauvre fille ? N’y pense même pas ! Pareil, tu ne le reverras plus !
Ce garçon n’est pas d’ici, sans quoi, cela se saurait.
Elle avait essayé de chasser ces pensées de son esprit, mais ses fantasmes revenaient la surprendre, et, de plus belle, elle rêvassait.
Son manque d’attention l’empêchait de se concentrer sur quoi que ce soit.
Elle passait ses journées à lézarder au soleil, la tête dans les nuages, perdue dans ses rêveries.
Quelques jours passèrent. Le samedi suivant, en fin d’après-midi, Pauline reçut un coup de fil lui annonçant le décès de Justin. Le frère aîné de Léon, que l’on savait bien malade, venait de décéder des suites d’un cancer généralisé. Pauline avait sollicité Candice, lui demandant d’aller prévenir son mari qui se trouvait au boulodrome. Ce dernier regardait, avec envie, les joueurs de pétanque en plein tournoi. Ah ! Il en avait quelques unes au compteur de ces belles parties ! A chaque fois, il épatait les copains qui l’avaient surnommé l’As du carreau. Lorsqu’il y repensait, il avait la nostalgie de ce passé.
Cela faisait déjà plusieurs jours que le temps respirait la douce chaleur de juin. Candice était allée rejoindre son cher voisin sans même prendre le temps de se changer.
Chaussée de tongs, elle était vêtue d’une robe « bain de soleil » aux couleurs desigual, mettant en valeur son dos nu et bronzé ainsi que ses longues jambes. Elle s’approcha du petit groupe que formaient les joueurs et leurs quelques supporters. Elle salua brièvement ce beau monde. Parmi eux, se tenaient quelques jeunes de sa connaissance dont Mathieu qui s’exclama en la voyant :
- Hé, Candice, tu cherches la plage ?
- Non, j’en viens ! Lui rétorqua t-elle en souriant.
Puis, tout près, elle aperçut Yanou Genêts, le fils de son instituteur de l’école primaire, assis sur le dossier d’un banc, comme pour mieux dominer la situation. A ses côtés, se tenait le jeune athlète inconnu qui la dévisageait d’un air admiratif, ce qui la fit rougir.