Roman : "Au cœur de la tempête" (58)

Publié le par M. P.

Roman :
             

Au cœur de la tempête
                                         

                                            Martine POUTOU
58

Article précédent

Elle vivait là avec son fils aîné Edouardo, son épouse Julia ainsi que leurs deux enfants Manel et Marta. Ils tenaient toujours leur petit commerce qui, malgré la crise, ne fonctionnait pas trop mal.

Malgré toutes ces années, nous avions su nous reconnaître ; quelques rides en plus, quelques cheveux blancs, un peu moins d’énergie, et, chez elle, toujours cette tendresse infinie qui la caractérisait.

Bien que prévenue de notre passage, l’émotion fut grande. Elle avait pleuré à chaudes larmes en me voyant, me serrant dans ses bras sans pouvoir me lâcher.

Ambre en avait été toute retournée tant cet instant fut bouleversant.

Cette bonne fée avait insisté pour que l’on reste au déjeuner, mais nous avions encore tant à faire et ne voulions pas déranger.    

Ambre avait émis le souhait d’aller visiter l’exposition consacrée aux œuvres de l’impressionniste Dario de Regoyos. Exposées tout l’été au musée de Malaga, elles retraçaient la carrière artistique du peintre à l’occasion du centenaire de sa disparition. Sur ces toiles, principalement axées sur les portraits et les paysages, on put admirer les effets de lumière particulièrement remarquables que cet artiste espagnol avait su célébrer.

Ambre avait un penchant pour l’art, en particulier pour la peinture à laquelle elle s’adonnait à ses heures.

Elle avait d’ailleurs remarqué combien ce pays excelle dans ce domaine, l’art étant présent à chaque coin de rue.

Cette passion exutoire lui permettait d’exprimer sa personnalité naissante, mais surtout l’aidait à libérer ses émotions. Cette enfant avait été toujours très raisonnable ; gracieuse, intelligente et sensible, elle était fort attachante.

Lorsque Salma reprit, peu à peu, son activité, donnant des cours au sein du club de danse, elle confia la garde de sa fille à des amies, des voisines serviables, des nounous improvisées …  en dernier recours, elle la faisait suivre sur ses lieux de stage, l’emmenant avec elle à droite, à gauche, l’enfant attendant discrètement que les cours finissent.

Ainsi, elle avait appris la patience et une forme de discrétion, le message étant de ne pas déranger. Est-ce de par cela qu’elle avait acquis cette faculté de s’adapter à tout ; car, tout semblait lui convenir et la satisfaire.

Estepona aussi l’avait charmée.

Nous y sommes arrivés en fin de journée. Je n’ai pas reconnu les lieux. J’ai pensé alors à Faustino. Comme il avait raison ! Des immeubles, des hôtels, des maisons avaient poussés de quoteparts, sans compter les édifices en construction, laissés à l’abandon pour cause de crise économique. Ces constructions nouvelles se dressaient dans le vacarme de larges voies routières entourées de ronds-points d’où circulent une multitude de voitures venues de partout.

Je n’ai pas voulu revoir la maison où nous avions vécu durant mes années de jeunesse de peur que mon cœur ne saigne. Ce lieu qui pleure notre cher Pedro, petit ange disparu si vite !

 

(A SUIVRE)

 

Publié dans culturels

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article