Roman : "Demain, fera-t-il beau ?" (6)

Publié le par M. P.

Roman :
"Demain, fera-t-il beau ?"
                                                        
                                                       Martine POUTOU
 
6
Elle s’était étonnée de cette information douteuse.
Rafaël si matinal ? Et cette gêne ressentie par Morgan, qui n’était pas si timide que ça, en temps normal.
Ses angoisses revenaient l’envahir de plus belle, la confortant dans ses doutes le concernant.
Pouvait-elle réellement avoir confiance en lui ?
Devait-elle continuer l’aventure, sachant que cet amour bancal la fragilisait.
Elle qui aimait les choses claires, n’y voyait là que du flou et cela la perturbait.
Elle s’installa au bistrot du coin et commanda un thé, espérant le voir débarquer d’ici peu.
Octobre frileux avait laissé du givre sur les carreaux, ne laissant que peu de place à ses yeux pour lorgner la rue d’en face.
Elle fixait obstinément la porte d’entrée de l’immeuble, attendant  de le voir apparaître.
Le temps lui paraissait long et ennuyeux.
Bien qu’elle fût en vacances, elle s’était réveillée très tôt, ne pouvant se rendormir. Son humeur avait la couleur du jour, un peu morose.
Cette saison la laissait toujours nostalgique. Mais, cela n’était rien, en comparaison aux années passées où ses angoisses prenaient le dessus, rendant ses jours et ses nuits invivables.
Et, comme à chaque automne, elle faisait sérieusement sa cure de calcium et de magnésium.
L’automne, perdant ses atouts, fragilisé dans sa nature qui se décompose sous la terre froide et humide, se laminant et, dans un fouissement de feuilles, se préparant à affronter l’hiver. C’est à cela qu’elle pensait en regardant les arbres légèrement roussis, son regard se perdant sur le trottoir où se croisaient quelques passants indifférents.
Elle  rêvassait, la tête légèrement penchée, les yeux rivés sur la porte d’en face, quand, d’un seul coup, elle se redressa. Son sang ne fit qu’un tour.
La porte venait de s’ouvrir.
Ce ne fut pas Rafaël qui en sortit.
Son regard ne pouvait lâcher ce point qu’elle fixait, sans pouvoir s’en défaire, sans qu’elle ne puisse cacher sa stupeur.
Avant même qu’elle n’ait repris son souffle, Lou venait de quitter précipitamment l’endroit.
C’était donc ça, le grand mystère ! Pensa t-elle.
A ce moment-là, son téléphone se mit à sonner.
Rafaël cherchait à la joindre, mais elle n’en fit rien.
Elle écouta le message qu’il venait de lui laisser :
- Morgan m’a dit que tu étais passée. J’avais quelques courses à faire. On s’est ratés de peu. Rappelle-moi quand tu veux. Bisous. A plus.
Elle se sentait vidée.
Elle était là, hagarde, le regard perdu dans le vide.
L’image de Lou quittant l’immeuble à la hâte lui revenait sans cesse à l’esprit.
Et ce message bidon ! Quelle hypocrisie !
 
(A SUIVRE)
 

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