Roman : "Demain, fera-t-il beau ?" (7)
Roman :
"Demain, fera-t-il beau ?"
Martine POUTOU
7
La colère et la rancune s’accumulaient en elle, mêlées au dégoût et à l’immense peine liée avant tout à cette trahison. Deux êtres auxquels elle avait offert son amitié et son amour en toute confiance, l’avaient trahie. Elle en était abasourdie et tellement, tellement déçue.
A cet instant, un groupe de personnes firent irruption dans le café afin d’y prendre leur collation de midi. C’était l’heure de déjeuner. Elle n’avait rien mangé, hormis ce petit-déjeuner matinal avalé si vite sur le coup de sept heures. Mais elle n’avait pas faim, bien au contraire.
Elle se sentait nauséeuse.
Après avoir réglé sa note au comptoir, elle sortit prendre l’air. Il fallait qu’elle marche.
Elle partit d’un bon pas, comme pour mieux digérer la dose de toxines qu’elle venait d’avaler.
Elle ruminait cela depuis une bonne heure.
La tête lui tournait.
Elle ne savait que faire.
Elle eut envie d’aller chez Jeanne. Elle lui téléphona.
Cette dernière allait partir à la bibliothèque. Elle savait qu’elle ne rentrerait chez ses parents qu’en fin de semaine, profitant de ces quelques jours de congé pour avancer dans son travail. Elles se donnèrent rendez-vous dans un café du centre ville.
Il était important pour Ambre de parler avec elle. La seule amie véritable, en qui elle pouvait avoir confiance.
Du moins c’est ce qu’elle espérait, car elle se mit à douter de tout.
Elles passèrent l’après-midi ensemble.
Jeanne, une fois encore, la réconforta, comme elle savait si bien le faire.
La seule présence de son amie avait suffit à lui remonter le moral.
Elle l’embrassa chaleureusement.
- As-tu mangé ? Je sens un petit creux. J’ai bien envie de prendre quelque chose. Lui dit-elle.
- J’ai déjeuné tard. Moi aussi je vais prendre un petit truc à grignoter.
- C’est moi qui t’invite ! Ajouta Ambre avec empressement.
Dans ces moments où le moral bien bas vous fragilise, quel bonheur de pouvoir faire plaisir à quelqu’un que l’on aime.
Faire du bien pour exorciser le mal, rien de tel pour se réconforter.
Elles s’étaient installées confortablement en terrasse, le soleil étant de la partie.
Elles se délectaient d’un croque-monsieur accompagné d’un cidre doux.
Après lui avoir énoncé les faits de son affliction, Ambre enchaîna ainsi :
- Tu sais, ça me fait vraiment plaisir que tu sois là. J’ai beaucoup d’estime et une grande confiance en toi. L’hypocrisie des gens va au-delà de ce je pouvais imaginer. Ton amitié m’est chère et précieuse. C’est si rare de nos jours.
- Je sais. Répondit Jeanne. Nous sommes faites de la même espèce. De par notre éducation et le milieu dans lequel on a vécu, nous avons été forgées ainsi. Vraisemblablement trop protégées du climat extérieur, nous savons peu de choses du dehors et des travers de cette vie où l’on risque, souvent, de se cogner. Mais, malgré cela, je pense que la vie est belle et qu’elle vaut le coup d’être vécue.
(A SUIVRE)