Regards philosophiques (235)
► Le poème de Florence :
L’intelligence artificielle va-t-elle nous dominer ?
Toi mon petit robot, en fibre de carbone
Je te voulais si fort ; je te voulais Personne
Tu joues à clignoter comme un sapin d’noël
Toi mon joli doudou, dans ma tour de Babel
Ne me laisse pas seule ou la vie m’abandonne
Moi je ne parle plus qu’avec mon téléphone
Sur Facebook, sur Twitter, où tout est indiscret
Je prends tout ce qui vient comme un divin décret
Je suis cybernétique
Je suis analgésique
La douleur est un leurre
Je suis le prescripteur
Toi mon petit robot, mon ersatz monotone
Tu es bien trop parfait et ma raison klaxonne
Il manque du pêle-mêle, il manque un peu de sel
Je ne veux pas mourir, dans ce monde irréel
Au guichet de la vie, parler dans l’hygiaphone
Je te quitte aujourd’hui, Descartes me pardonne
Je m’en vais couronner le roi de l’à peu près
Si je me trompe et tombe, et bien c’est fait exprès !
Si tu es diabolique
Je serai angélique
Je soigne mes erreurs
Et je n’ai même pas peur !
Toi mon petit robot, qui grince et qui raisonne
Tu peux toujours chanter comme un électrophone
Je vais te mettre au pas, je te le dis tel quel
Il te faudra huiler ta cervelle de nickel
Pour comprendre à mi-mot ma raison qui tâtonne
Dans tous ces sentiments que la vie nous mitonne
Moi j’ai le vague à l’âme, connais-tu le secret
Le secret des alcôves, le secret du regret
J’ai le mot alchimique
Dans mon arrière boutique
Je suis l’agitateur
Je suis le concepteur
Toi mon petit robot, Pinocchio de zircone
Tu peux toujours frotter ton sexe de silicone
En chantant les louanges du monde industriel
Tu ne pourras produire un si joli cheptel
Que celui qui s’ébat, que celui qui fredonne
Dans les marges inutiles, où rêvent les mortels
Toi il te faut du lourd, du gourd et du concret
Et ton progrès s’égare en grimpant aux agrès
Tu es antibiotique
Je suis gyroscopique
Tu es un dictateur
Je suis l’auto-stoppeur