Roman : "Demain, fera-t-il beau ?" (10)
Roman :
"Demain, fera-t-il beau ?"
Martine POUTOU
10
Papy Pierre avait ces mots pour soigner la douleur, se disait-elle :
« Demain, il fera beau, les hirondelles reviendront ! »
Je me souviens, les jours de gris, il me disait ceci :
« Demain sera un jour nouveau capable de t’accueillir les bras ouverts, de t’offrir d’autres nuits de pleine lune, nuits bordées d’étoiles filantes et de pépites d’or. Demain te grandira, te permettant d’apprécier le soleil après la pluie. »
Et même si cette nuit blanche torturait son esprit, il n’en était que plus clairvoyant, lui assurant les chemins à suivre sur son parcours de vie.
Dans l’errance de sa randonnée, le ciel, même sans lune, savait d’avance l’itinéraire à suivre et, comme toujours, Ambre faisait confiance à la vie.
C’est aussi à moi qu’elle pensait à ce moment-là. J’avais su lui transmettre cette philosophie disant que derrière un malheur, le bonheur vous attend toujours.
Elle me le confia au soir de la Toussaint.
Même loin de moi, les mots prononcés jadis continuaient à faire leur chemin.
De cela, j’en avais les larmes aux yeux.
Je priais souvent pour elle.
Quelqu’un pourra-il un jour adoucir l’amertume de son cœur pour y cueillir l’amour qui la submerge, la soulageant de cette effroyable tension qui stagne et se morfond dans une folle solitude ?
Elle t’attend, Amour, pour que tu la libères !
Elle t’espère !
Elle sait qu’un jour prochain, le miracle aura lieu.
En attendant, le jour tarde à venir.
Ses nuits sont froides et sans étoiles.
Son ciel de traîne ne voit plus le soleil.
Combien de nuits, combien de crépuscules faudra-t-il encore compter pour qu’enfin l’aube se lève sur le sentier désert et vienne la border de fleurs qui dansent au vent léger. Demain, fera t-il beau ?
Les hirondelles reviendront-elles ?
Demain fera t-il naître un jour nouveau ?
Demain, ou peut-être jamais ?
Y a t-il quelqu’un ? S’il-vous-plaît, répondez !
Y a t-il quelqu’un pour cueillir ses baisers ?
Dans la dentelle que la rosée a déposée sur chaque brin d’herbe, soyeux et luisant, suinte le philtre d’amour.
Quand l’automne vient bercer la rivière en pleurs, les arbres saignent des premières gerçures, laissant tomber ses feuilles comme larmes de deuil.
Les bois exhalent leur parfum au goût de résineux.
Sur la terre qui m’a nourrie, j’aime arpenter les chemins, aux broderies emblématiques, racontant l’histoire ancienne à nos âmes paysannes.
On y entendrait presque le folklore légendaire, dansé sur un quadrille, venu des cimes estampillées.
(A SUIVRE)