Regards philosophiques (239)

Publié le par G-L. P. / J. C.

Thème :
« L'amour, quel amour ? »
 
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Débat :
►  Mais alors le coup de foudre, est-ce un piège ; j’ai appris récemment qu’il était basé sur quelque chose de chimique, que ce n’était qu’un échange de phéromones.
►  Je reviens sur l’expression, on ne peut pas aimer seul. Il y a des moments où la réalité de la vie fait que parfois on peut aimer seul, on aime seul parce qu’il n’y a pas de retour, et puis parfois dans la souffrance, souffrance qui peut être des deux, parce qu’il y en a un qui ne veut pas de cet amour. Je me souviens d’avoir eu à travailler en cours de philo sur cette phrase : « Je t’aime ! Est-ce que ça te regarde ? (Heine). Moi si j’aime quelqu’un qui ne veut pas de mon amour, ça me regarde. Quant à la recherche de l’absolu en amour, cela m’a fait penser à Van Gogh, lequel quand il aimait, était dans une recherche folle d‘absolu. Dans une lettre à Théo il écrit : « Chez l’être qui n’était pas amoureux et qui le devient, il se produit la même métamorphose que dans une lampe qu’on allume. La lampe était là et c’était une bonne lampe. Maintenant elle répand sa lumière. C’était pour ça qu’elle était vraiment faite ». Il dit qu’il faut que chaque être humain répande sa lumière.
►  En plus des différentes formes d’amour évoquées, il y a aussi la question d’âge. Je  pense qu’on n’aime pas pareil à toutes les étapes de la vie, et c’est un lieu commun de dire que l’amour dans un couple évolue vers la tendresse. Au départ on est jeune, on est tout fou, c’est Pornoria puis Éros, après c’est Philia, l’amour du prochain, Agapée l’amour spirituel et enfin il y a l’amour sagesse, Sophia. Donc, ces étapes de l’amour, finalement on est amené à les vivre au cours de sa vie, avec différentes personnes, ou une même personne ; on évolue dans son comportement psycho affectif, on n’aime pas à soixante ans comme on aime à dix huit ans, on a compris bien des choses et on a envie de partager tout à fait autre chose. J’aime plus profondément aujourd’hui à mon âge, qu’à dix huit ans. Pour un individu donné l’amour c’est quelque chose d’évolutif.
►  On a parlé concernant l’amour filial, d’un sentiment qui n’était pas forcément inné. Cela pose la question de l’enfant qui n’ayant pas reçu d’amour, serait dans l’incapacité de donner plus tard de l’amour. Ce sentiment d’amour filial est plus un sentiment affectif inné que sentiment acquis
Il y a des individus qui sont totalement indifférents aux autres, des individus incapables de donner de l’amour, et ce n’est pas forcément parce qu’ils ont été privés d’amour dans l’enfance.
Et puis, comme on l’entend parfois, l’amour de soi, est-il le point de départ de l’amour des autres, ou, voire, est-il une barrière ? Une femme disait à son mari : – je t’aime ! – moi aussi, répond le mari, « Je m’aime ! ».
Et je reviens sur le mythe de l’androgyne, de l’individu qui recherche sa moitié perdue. Il y en a qui ont dû être coupés en plusieurs morceaux, c’est pourquoi ils sont à la recherche de tous les morceaux.
Et puis, plus sérieux, je pense au drame du Bataclan le 13 novembre, à cette vague d’émotion, et cet amour des autres que soudain nous avons découvert. Cela nous ramène à cette déplaisante approche de « je préfère mes filles à mes nièces… » et pose cette  question pourquoi nous avons plus d’amour et d’émotion pour des victimes à Paris et moins d’amour et d’émotion pour des victimes à plusieurs milliers de kilomètres ? L’amour ne suit pas de processus logique.
Et enfin, revenant sur le coup de foudre, les explications fournies par les neurosciences ça m’intéresse vivement, mais ça m’ennuierait terriblement qu’on puisse analyser scientifiquement le coup de foudre.
►  Je me souviens d’avoir lu un ouvrage «  Pourquoi l’amour ne suffit pas » où l’on parlait de l’amour maternel auquel même les animaux ne renonçaient pas. Il y a plusieurs siècles les dames de la grande noblesse se devaient de ne pas élever leurs enfants, ne pas avoir de contacts charnels avec eux, (même si elles choisissaient des nourrices qui leur  paraissaient proches de leurs sentiments) ceci afin que les enfants ne soient pas sensibles.
De même on a montré des cas qu’on nomme « hospitalisme », cas d’enfants, d’orphelins recueillis à l’hôpital, pour lesquels on demandait aux infirmières de refreiner les sentiments d’amour, ne pas se substituer à des mamans, pour ne pas les mettre ensuite en danger psychologique.
La notion de manque d’amour est très importante tout au long d’une vie, et c’est surtout dans l’enfance que nous avons le plus ce besoin d’amour.
Je reviens aussi sur le coup de foudre, ça peut être interprété  comme la rencontre de soi en l’autre, cette attirance peut évoluer vers le coup de foudre, presque une foi dans l’autre, jusqu’à quelque chose qui nous échappe totalement.
                                                                      (A SUIVRE)
Extraits de restitution d'un débat du café-philo
Avec nos remerciements

Publié dans culturels

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