Regards philosophiques (241)

Publié le par G-L. P. / J. C.

Thème :
« L'amour, quel amour ? »
 
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Débat :
►  Alors l’amour nous grandit, nous rend plus forts, pouvons-nous entendre, mais l’amour aussi peut nous rendre faibles. Une longue tradition de philosophes, au nom de la sagesse nous met en garde contre ce sentiment qu’est l’amour, car alors qu’il nous rend faible, il nous met en dépendance. Pour Montaigne l’amour : «… nous esclave à autrui ». Le sage se déprend de l’amour ? Reprenant la théorie du stoïcien Sénèque, Pascal nous dit  dans « les Pensées » : « C’est malhonnêtetéd’accepter l’amour de l’autre, car je sais que je suis mortel, et que, acceptant cet amour, je suis responsable du chagrin qu’il pourra avoir après ma mort ».
Cela va pratiquement jusqu’au déni de l’amour avec le tristounet Schopenhauer, lequel nous dit, dans « Le monde comme volonté et comme représentation » (je cite) : « Le sentiment amoureux peut être considéré comme une ruse de la nature destinée à nous inciter à nous reproduire »,  ce sentiment d’amour est pour lui : «  Le soupir de l’espèce ». Est-il besoin de rappeler que ce même Schopenhauer qui n’avait pas, non plus l’amour du genre humain, a fait de son chien, son héritier.
On peut penser qu’il y a des personnes qui sont tellement barricadées dans leur ego que les flèches de l’amour ricochent sur la carapace.
Ce sont les poètes, les écrivains, les artistes, eux seuls qui ont su nous en parler, l’évoquer avec toute la puissance des sentiments. Il semble qu’il faille renoncer pour nos philosophes de vouloir définir l’amour avec la raison. Je dirais, d’abord vivre, d’abord aimer, ensuite philosopher. Allez ! Messieurs les philosophes, sur ce sujet, passez votre chemin !
Et je reviens sur cet aspect du débat quant aux possibles explications de nos sentiments, dont l’amour par la science. La science se rattache par bien des aspects au matérialisme philosophique, lequel nous dit « le comment », alors que je classerais l’amour dans le domaine de l’idéalisme qui cherche à dire « le pourquoi ». Espérons que jamais aucun des ces derniers ne répondra aux deux questions.
Et enfin, quant à la citation de l’évangile « tu aimeras ton prochain comme toi-même », des philosophes, préconisent « Tu t’aimeras comme tu aimes ton prochain »  
► Nous avons toute la polysémie du mot amour, elle s’augmente surtout avec le verbe aimer. Mais nous faisons la distinction lorsque nous parlons de l’Amour, (avec un grand A).
►  Quand on a une certaine expérience de la vie en couple, on ne vit plus à soixante ans les choses de la même façon, il y a tellement de tendresse qu’il arrive qu’on s’oublie soi-même parce qu’on a peur pour l’autre.
On parle toujours de l’amour à partir de soi. On peut penser que l’amour ne dépend pas de nous, mais que nous dépendons de lui, parce que sans amour, que serait notre vie ?
Qu’on aime l’autre, qu’on aime les autres, ils occupent une place prioritaire dans nos pensées au point qu’il nous arrive de plus penser à eux qu’à nous, en ce sens l’amour est aux antipodes de l’égoïsme.
► On vit toutes les formes d’amour au cours de sa vie. Il y a des gens avec qui on est dans le physique de Pornoria, d’autres avec qui on est dans l’Éros et qui n’est pas physique, après dans Philia où il y  a l’affection, on aime mais ce n’est pas érotisé, puis Agapée où les délices de l’amour spirituel et puis il y a Sophia, aimer là où nous en sommes, et toutes les formes à la fois avec sagesse.
►  Des philosophes nous ont enseigné à nous protéger de l’amour ; chez les bouddhistes  ce n’est pas de l’amour qu’il faut se protéger, mais de nos douleurs, mais nous gardons l’amour, surtout la forme qu’ils nous recommandent, l’empathie. Il faut nous dégager de nos approches et travailler sur nos propres douleurs pour regarder avec lucidité.
►  Y a-t-il un âge pour aimer ? Il y a cinquante ans un homme de soixante dix ans qui aurait voulu divorcer cela paraissait impensable, et pourtant aujourd’hui cela se voit, des couples se forment, se reforment très tard, ce qui prouve qu’il n’y a pas d’âge pour aimer, même aimer d’une autre façon, c’est toujours un hymne à l’amour.
On peut citer aussi les amours héroïques, tel l’amour de Blanche Maurepas, épouse d’un soldat fusillé par l’armée française en 14/18. Armée de son seul amour, elle va batailler pendant vingt ans pour réhabiliter l’honneur de son mari.
► Est-ce que l’amour n’est pas inconsciemment une façon de lutter contre la mort ? Parce qu’on sait qu’il y a une fin ? Et je reviens sur le sujet des phéromones, seraient-elles là pour la reproduction ? Et l’amour pour la lutte pour la vie ?
                                                                      (A SUIVRE)
Extraits de restitution d'un débat du café-philo
Avec nos remerciements

Publié dans culturels

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