Roman : "Demain, fera-t-il beau ?" (20)

Publié le par M. P.

Roman :
"Demain, fera-t-il beau ?"
                                                        
                                                       Martine POUTOU
 
20

Novembre gris

 

Au retour des vacances de Toussaint 2014, Ambre avait proposé à son amie Jeanne que nous passions la prendre à Saint-Gaudens, chez ses parents.
Cette dernière avait volontiers accepté l’invitation et c’est ainsi que nous avions eu grand plaisir à faire sa connaissance.
Nous les avions conduites jusqu’à la faculté alors même que les cours allaient reprendre.
Heureuses de se retrouver, elles s’étaient montrées impatientes d’y retourner.
Nous les avions laissé le cœur léger et la tête pleine de leurs chansons écoutées à tue-tête lors du trajet, malgré le froid qui venait de s’installer brutalement dans le pays.
Au retour, nous avions évité l’autoroute, préférant les sentiers du Gers où Pierre, il y a longtemps, avait fait son apprentissage pour devenir vétérinaire.
Nous avions fait une halte à Marciac pour le déjeuner.
Le beau temps avait refait son apparition pour quelques heures seulement en ce début d’après-midi radieux où la nature s’enflammait sous le soleil automnal.
Le soleil lumineux jaillissait sur la terre, laissant entrevoir les cépages, les nourrissant de son énergie, sous le vent qui folâtre à loisir de son air immanent.
Dans ce monde holistique, havre de paix, équilibre essentiel à ma vie, je me ressource inlassablement.
Par cette quintessence, je clame en retour, ma passion éthérisée pour cet univers ambiant. Ce besoin léthargique, espace velouté sur l’esprit, cultive le chemin de la félicité.
Seulement quelques nuages venaient, subitement de narguer le calme, alentours. Cette métamorphose à chaque fois m’étonne, et ce bain de jouvence déshabille les mots. 
Sous un arboretum chiné par les feuillus, nous avions longé la route des vignes.
Non loin de là, dans les sous-bois touffus, les broussailles, par la rouille rongées, venaient de cueillir l’automne.
Aux confins de ce lieu, trônaient les châtaigniers, noyés sous un paillis de bogues sèches.
Quelques rais de lumière perçaient les branches d’une lueur confuse. Les flammèches serpentaient, étincelant les tons métissés de l’automne perdu dans le tréfonds obscur de l’épaisse forêt où nous avions marché.
Puis, Pierre avait souhaité se rendre sur la tombe de la famille Salis. Dans le petit cimetière de Bonnefont, il avait rendu hommage à son maître de stage qui, jadis, avait su si bien l’accueillir et l’initier avec tant d’ardeur à ce métier qui le passionnait tant.
Nous avions, bien évidemment, ramené quelques bouteilles de Madiran, rouge, rosé et Pacherenc qui viendraient arroser les fêtes de fin d’année.
 
(A SUIVRE)

Publié dans culturels

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