Regards philosophiques (248)

Publié le par G-L. P. / J. C.

Thème :
« La femme est-elle l'avenir de l'homme ? »
 
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Débat :
► (Quelques remarques liées aux dernières interventions): Quand on parle d’égalité, effectivement comme cela a été dit on ne parle pas d’égalité  physique, donc, en ce sens on reconnaît la différence des sexes, mais on affirme l’égalité des droits. Puis  à mon avis, celles qui font des recherches sur « le genre » et qui à mon sens veulent aller plus loin  que de dire, on ne naît pas femme, on le devient, de même qu’on ne naît pas homme, mais on l’apprend, elles veulent  aller plus loin en confondant justement, égalité et identité.
Et puis d’accord sur le fait que la femme porte la vie et c’est en ce sens qu’on peut entendre la formule d’Aragon « La femme est l’avenir de l’homme » parce qu’elle est porteuse de vie, mais il faut remarquer qu’il y a une lutte technoscientifique qui est revendiquée par certaines féministes, et notamment les féministes du « genre » comme quoi les nouvelles technologies vont permettre d’augmenter l’homme et la procréation artificielle, et donc éliminer la différence.
►  On n’arrête pas de comparer les hommes et les femmes, et ça me gène parce qu’on ne peut pas prétendre que la femme est  plus tendre, etc. Ce que je veux faire comme distinction, à la différence du masculin et du féminin, c’est qu’il y a des comportements qui n’appartiennent  ni à l’homme, ni à la femme.
Bien sûr qu’un homme peut être très affectueux très tendre, et avoir des comportements qu’on dira de « féminins », il y a dans chacun  du féminin et du masculin dans les comportements, donc s’en tenir à comparer l’homme et la femme, on va droit dans le mur.  
► Et suite au texte d’introduction, encore une autre question (la 6ème) faut-il revendiquer la parité qui veut forcer les usages par la loi ? Peut-être est-ce un passage, mais en l’état elle pousse souvent les femmes à emprunter les pires attributs stéréotypés de la masculinité: le rapport de force et la compétition.
Alors comment faire pour aller vers une parité réelle et pas une parité formelle ?
Et puis (7ème question) comment en finir avec les stéréotypes?
En France, dans les années 1970 il y eut, en liaison avec ce qui s’appelle le mouvement féministe de la deuxième génération, de nombreux ouvrages pour éduquer à l’égalité des sexes, montrant que les filles n’étaient pas prédestinées aux travaux ménagers ni aux métiers dédiés au care, à prendre soin des autres, et les garçons aux activités « viriles »  et aux métiers de force ou/et intellectuels. Notamment dans un ouvrage  « Du côté des petites filles » Helena Gianni Beloti, en 1973,  «  souligne, à l’aide d’une enquête  par observation dans les familles, les crèches et les  écoles la puissance des stéréotypes enracinés en chacun de nous qui assignent des propriétés et des qualités différentes aux filles et aux garçons dès avant la naissance et pendant la prime éducation. Elle signale en outre que « toutes les différences relevées manifestent l’infériorité du sexe féminin, les filles ayant finalement une valeur sociale moindre que les garçons ». (Article Wikipédia » Du côté des petites filles)
Alors l’éducation pour contrer les préjugés est primordiale mais pour cela il faut qu’il y ait un consensus Comment obtenir ce consensus? Comment convaincre les jeunes générations pour lesquelles les luttes féministes sont du passé ? Celles  qui profitent des acquis (la pilule, la légalisation de l’avortement, etc.) sans connaître les luttes qui ont été menées pour cela.
En France le gouvernement a voulu légiférer à partir de cette idée de l’égalité des droits et a voulu introduire dans l’éducation nationale, dès 6 ans, dés l’école primaire, une éducation « genrée » qui explique aux enfants et adolescents que le sexe biologique n’est pas déterminant dans la vie et que chacun peut choisir d’être femme, homme, bisexuel ou transsexuel. Il y a  eu en 2014, dans certaines écoles, des livres, les ABCD de l’égalité, pour   contrer les stéréotypes de la féminité et de la virilité et les préjugés sexistes en transmettant cette thèse de la neutralité de l’être humain, au nom de l’éducation au respect des différences,   au delà de l’éducation à l’égalité des sexes.
Il me semble que la confusion est entretenue entre le principe d’égalité des droits pour les deux sexes et le principe du respect des différences qui devient d’ailleurs l’éloge des différences.  Et c’est en ce sens aussi qu’en 2012, avec la loi du 6 août relative au harcèlement sexuel il y a de nouvelles incriminations ajoutant le critère de l’identité sexuelle à celui de l’orientation sexuelle dans la définition des délits de provocation à la haine et à la discrimination, injure et diffamation, individuelle ou collective (à l’encontre non seulement des homosexuels mais aussi des transsexuels et des bisexuels).
Il me semble qu’on a déjà discuté des  dérives communautaristes de notre société. Celle-là en est une. Sert-elle, la cause de l’égalité des droits homme femme ?
 Encore une question, la 8ème): faut-il féminiser la langue?
Le lien nature-culture devient de plus en plus discuté, et la langue elle même est sommée d’évoluer : pendant  la journée de la femme (8 mars) le mot Egalité devient «Egalitée »  comme tous les mots féminins qui sont appelés à se féminiser. Cela s’inscrira-t-il dans le dictionnaire de la langue française ? Je suis perplexe sur ce fait : autant je suis sensible au fait que les noms des professions et des métiers se féminisent (comme docteure ou chercheure) car cela correspond à une évolution sociale, autant je m’interroge sur la féminisation systématique de mots qui ont une dimension universelle comme égalité ou liberté car cela relève d’un volontarisme qui m’apparaît comme dogmatique ; mais je me trompe peut-être.
Dans les années 1970 cette question est présente dans les milieux féministes. Un livre « Les mots et les femmes » (1978) d’une linguiste, professeure à Paris 7, Marina Yaguello, s’interroge sur le sexisme de la langue française et note en particulier le sexisme des injures, des blagues, et des insultes, mais aussi celui des métiers et souligne que l’évolution sociale entraîne une évolution des langues.  Elle prend cet exemple : « Dans les langues sémitiques, avant la révélation du livre, ces sociétés étaient animistes pas encore empreintes de patriarcat. « Grammaticalement, à cette époque, le genre féminin est prédominant  » Puis, après la révélation monothéiste, un glissement s’opère. « Le ciel était féminin pour les Sémites primitifs, mais devenu résidence d’un dieu homme, il est passé au masculin. » Et Marina Yaguello se pose deux questions que je reprends à mon compte: « Si la langue est sexiste, peut-on y porter remède ? ». Et encore. » Suffit-il de supprimer les termes racistes ou sexistes pour supprimer les mentalités sexistes ou racistes ? »
Mais l’histoire est imprévisible. Et je viens de lire cette belle phrase de l’anthropologue Margaret Mead «  Ne doutez jamais qu’un petit groupe de gens réfléchis et engagés puisse changer le monde. En fait, c’est toujours comme cela que ça s’est passé. ».
Alors pour que la femme ait, simplement, le même avenir que l’homme, continuons le combat mais comment ? C’est vous qui allez le dire sans doute. Combat qui s’articule aux combats pour l’égalité de droits dans une société libre que nous devons mener contre ceux qui veulent tuer notre mode vie.
                                                                      (A SUIVRE)
Extraits de restitution d'un débat du café-philo
Avec nos remerciements

Publié dans culturels

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