Regards philosophiques (251)

Publié le par G-L. P. / J. C.

Thème :
« Qu'est-ce que la tolérance aujourd'hui ? »
 
1
Introduction :
On se pose en premier cette question : est-ce que ce mot tolérance est le même qu’à son origine ? Ou bien a-t-il évolué ? Je propose qu’on revoit l’origine du mot, son histoire, et les quelques définitions qui lui correspondent. Issu du mot latin « tolerare » (supporter) tolérer c’est accepter et respecter sans contrainte, sans condescendance, esprit moralisateur, ou paternaliste, les idées, les opinions, les comportements d’autrui que l’on n’approuve pas soi-même. C’est aussi ne pas chercher à restreindre la liberté des autres en la conditionnant à nos propres valeurs, que ce soit dans le domaine : éthique, social, politique, religieux, philosophique…
A ce sujet le philosophe André Comte-Sponville nous dit : « Le vrai n’est pas forcément le bien, et le bien n’est pas forcément le vrai ».
Le mot, le principe de tolérance m’ont été inculqués dès ma prime enfance, et malgré les risques d’abus qui y sont liés, la tolérance est une de mes valeurs de référence.
La tolérance est une vertu morale, individuelle, autant que valeur politique. Elle n’est pas décrétée par une loi.
La tolérance défend l’idée de liberté de parole, elle est un élément indispensable à la vie en société où cohabitent différentes ethnies composées d’opinions, et de coutumes différentes, de règles diverses, pouvant même être opposées les unes aux autres.
La tolérance est une idée moderne qui fait son apparition surtout à la Renaissance, lorsque l’Europe connaît avec la Réforme et le protestantisme une nouvelle situation religieuse. La théorie politique de la tolérance s’est constituée pour répondre aux graves problèmes des guerres de religion au XVIème siècle. Plusieurs édits de tolérance seront promulgués puis révoqués, le dernier en 1787 donne enfin une existence légale aux protestants qui jusque là n’étaient pas inscrits à l’État civil qui était tenu par l’Église catholique.
C’est avec des écrivains, des philosophes comme Bayle, Bodin, Spinoza, Locke que se sont développées à la fois une théorie et une justification de la tolérance.
Locke montre l’irrationalité de l’intolérance religieuse qui tend à forcer des gens à croire en ce qu’ils n’approuvent pas. Toutefois chez lui l’intolérance reste justifiée si la pratique d’une croyance constitue une menace pour la paix civile.
Le siècle des Lumières prévoit une conception plus large de la tolérance. Voltaire y voit un rôle important. On lui attribue la phrase : « Je désapprouve ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour votre droit de le dire ». C’est en 1859 que la tolérance est pleinement célébrée comme élément essentiel de la défense de la liberté.
Le philosophe et économiste libéral John Stuart Mill défend la tolérance pour deux raisons :
1° Parce qu’elle est nécessaire au progrès social et au progrès des connaissances.
2° Parce qu’elle est exigée pour l’exercice de l’autonomie individuelle, le développement moral et culturel.
Au 19ème et au 20ème siècle l’idée de tolérance dépasse le domaine religieux pour s’appliquer aux modes de vie non conventionnels, en particulier en matière de sexualité.
Historiquement la tolérance apparaît avec la tradition libérale. Dans la politique contemporaine il existe un large accord sur le fait qu’un certain degré de tolérance est indispensable à une société libre et démocratique, mais il y a débat sur les limites à mettre à la tolérance.
Parmi les arguments contre trop de tolérance, on prétend souvent qu’elle favorise l’immoralité ou les comportements indésirables et qu’elle détruit la vertu individuelle, tout comme la cohésion sociale.
D’autres ont remis en question la compréhension classique de la tolérance, en soutenant que les sociétés modernes plurielles exigeaient une attitude volontaire à l’égard de la tolérance.
Le concept de tolérance doit non seulement autoriser les comportements liés aux diverses croyances religieuses, mais aussi s’appliquer à la diversité des identités. Les discours racistes et homophobes ne peuvent être tolérés.
En revanche, dans notre société actuelle face aux « incivilités » (pour utiliser un terme très modéré) hélas si courantes : est-ce que le concept de tolérance à la même valeur qu’hier ?

 

                                                                      (A SUIVRE)

Extraits de restitution d'un débat du café-philo
Avec nos remerciements

Publié dans culturels

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article