Roman : "Demain, fera-t-il beau ?" (41)
Roman :
"Demain, fera-t-il beau ?"
Martine POUTOU
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Les soirées, plus animées, accueillaient un public de plus en plus nombreux et chaleureux à chaque fois.
Pour une fois encore, se produisaient des artistes venus de tous horizons, l’Occitanie représentée par le Béarn, la Gascogne, le Languedoc, la Provence, la Bigorre, le Val d’Aran … les cultures du sud limitrophes dont le Pays Basque, l’Aragon, la Navarre, la Catalogne ainsi que la Corse et d’autres encore...
Dans une ambiance à la fois unique et intergénérationnelle, tous ces artistes venaient rendre hommage à la « lenga deu cor » la langue du cœur, témoignant leur attachement à notre terre, nos racines et nos us.
La foule, enthousiasmée et conquise, rayonnait sur des rythmes effrénés invitant à la danse.
A l’heure où le soleil se couche, où les verres se remplissent, où l’on est prêt à goûter les produits du terroir, la musique vient vous ensorceler au travers de ces diverses identités fortes d’un passé ancestral à la fois emplies de nostalgie et de bonne humeur.
Sous les tilleuls de la place royale, on se prête à la convivialité et au partage.
Ce festival gratuit encourage l’accès à la culture pour tous, sans discrimination et à la transmission des traditions par le biais de ces quatre journées festives, riches de spectacles de rues où la danse et la musique prennent plaisir à se côtoyer, sous le « beth ceù de Pau », le beau ciel de Pau.
Dans la tiédeur de cette fin d’après-midi, alors même que le soleil commençait à décliner derrière la chaîne pyrénéenne, Ambre et ses amies retrouvées écoutaient monter les voix venues leur conter l’histoire ancienne de leur pays. Debout devant la buvette, le verre à la main, elles trinquaient à leurs retrouvailles, chantaient, dansaient, avec cette folle envie de s’éclater.
Ambre, toujours discrète, regardait ses amies d’un air enjoué, observant leurs mimiques, écoutant leurs plaisanteries. Elle n’éprouvait pas ou peu ce besoin de s’extérioriser, préférant garder ses émotions égoïstement ou par pudeur. Voir les autres s’échiner de la sorte lui faisait l’effet de se mettre à nue.
Peut-être était-ce une forme de timidité ?
Dans tous les cas, cela n’était pas l’essentiel pour elle.
A cet instant précis, elle ressentait l’émotion intense que lui procurait cette musique in live qui la pénétrait depuis la plante des pieds jusqu’à la racine des cheveux.
Prise dans le vertige de ce folklore merveilleux, elle épousait la scène avec un plaisir certain.
Elle n’avait même pas remarqué que quelqu’un l’observait depuis déjà presque une heure de temps.
Il s’était planté là, à quelques mètres d’elle, savourant du regard sa beauté sans qu’il ne se lasse. Jamais auparavant il n’avait éprouvé un tel plaisir à observer quelqu’un de la sorte. Il la trouvait sensuelle, un corps parfait, un visage d’ange, des gestes graciles, un port altier et un sourire à vous couper le souffle.
(A SUIVRE)