Roman : "Demain, fera-t-il beau ?" (43)
Roman :
"Demain, fera-t-il beau ?"
Martine POUTOU
43
Il osa esquisser un timide « Bonsoir ! »
Elle sursauta. Il s’en excusa :
- Désolé ! Je ne pensais pas faire peur à ce point !
Susurra-t-il d’un ton railleur.
- Oh, non, pas du tout ! Bonsoir !
Répondit-elle, reprenant ses esprits.
- Je crois bien que l’on s’est déjà rencontré ? Ajouta t-il.
- Oui, c’est vrai, mais on ne se connait pas vraiment. Dit-elle en regrettant d’avoir rougi.
En effet, elle venait de reconnaître le jeune homme du train. Celui-là même qu’elle avait baptisé « son prince ».
Il était là, souriant, et soudain, la musique s’était décalée en fond sonore pour laisser toute la place à cette voix tendre et sensuelle.
- Je m’appelle Yanou, ajouta-t-il en lui tendant la main. Et toi ? Le ton était donné.
- Ambre Bernatou. Répondit-elle simplement.
- Bernatou ! C’est un nom que je connais. Dans mon village, à Adé, près de Lourdes, il y a une famille Bernatou.
- Ce sont mes grands-parents ! Lui assura t-elle, ravie.
- Pas possible ! Moi, je suis le fils Genêts. Mes parents sont très amis avec eux. S’exclama t-il plein d’enthousiasme.
- Ah, oui ! Je crois savoir. Ton père est le directeur de l’école. Je me souviens l’avoir vu l’an dernier, pour la Toussaint, à la sortie du cimetière.
Ils s’étaient éloignés de la place, à l’écart du bruit et de la foule, se rapprochant du Boulevard des Pyrénées, arboré de ses superbes palmiers, lieu emblématique de leur rencontre, car c’est tout près de là qu’ils s’étaient si souvent rencontrés.
Et les échanges se poursuivirent encore une grande partie de la soirée.
Sans qu’ils osent se rapprocher davantage, chacun sentait bien qu’il se passait quelque chose de magique entre eux.
Il se faisait tard et la fête allait fermer son chapiteau jusqu’à la récidive du lendemain et pour trois jours encore.
Ils s’étaient donc quittés avec la promesse de se revoir bien vite. Elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Seulement la chaleur matinale l’avait enveloppée dans son drap de velours. Lui, était rentré à bon port, assuré d’y retourner plus tard, après un petit somme réparateur.
Comme promis, Yanou était au rendez-vous, ce vendredi de pleine lune où la tiédeur du soir asséchait leurs lèvres et rendait leur peau moite.
Il l’avait invitée à dîner. Plusieurs stands se tenaient ouverts, offrant la possibilité de déguster les produits du pays. Ambre était heureuse à ses côtés, ne sachant comment se défaire de ce regard aux pépites d’azur qui vous ensorcèlent.
Ils avaient discuté longtemps, chacun se dévoilant, à l’écoute l’un de l’autre, avec toujours l’ambiance folklorique en fond sonore.
Presque avant le lever du jour, ils bavardaient encore.
(A SUIVRE)