Roman : "Demain, fera-t-il beau ?" (49)

Publié le par M. P.

Roman :
"Demain, fera-t-il beau ?"
                                                        
                                                       Martine POUTOU
 
49
             
Aux soirs de brume glissant sur le chemin
Imbibé de chaleur, le soleil s’est éteint
Laissant venir la nuit dans l’horizon qui luit
Et par un florilège de verts évanouis
Le ciel se couvre d’un éventail aux teintes sombres
Dans un décor obscur envahi par des ombres
Les hirondelles se dispersent puis reviennent
En dansant dans les airs une valse de Vienne
Dans les feuillages affolés, le vent rouspète
Puis, soudain le ciel craque, c’est la tempête 
Qui embrase la terre de lueurs foudroyantes
Déversant un torrent de larmes bouleversantes
Aussitôt la fraîcheur envahit le dehors
Qui se drape d’un voile. De l’aquarelle en sort
Une ambiance feutrée, pans lamés ruisselant
Sur la nature étourdie par le vent.
Après l’averse, les feuilles gardent l’eau de pluie
Formant un tabernacle où les moineaux pépient
Quand la mésange traque limaces et escargots
Les parfums de garrigue réveillent les étourneaux.
Un léger cliquetis coule encore sans trêve
Le vent laisse la nuit évaporer ses rêves
La nature s’abreuve à outrance et revit
Épousant tous ses sucs la vigne boit, elle rit.
Le calme est revenu dans un dernier frisson
La nuit semble flirter avec le vent fripon
D’un été finissant sur une orographie
Où mon cœur, cette fois, rend hommage à la pluie.
Mais soudain, le ciel s’obscurcit.
La sensation du froid qui passe laisse mon cœur à nu et mon corps dolent dénudé de sens.
Ce froid qui ensorcèle mes nuits et me réveille dans le sursaut du jour naissant qui tarde à se lever.
Dans un silence absolu de solitude, j’apprivoise la mort pour mieux la regarder en face.
Je sais qu’un jour, la nuit déferlera, telles les vagues glissant sur la rive, me laissant à la dérive.
Dans le blêmissement de mes jours, je cherche les couleurs de ma jeunesse qui viendraient redonner un peu d’éclat à ma vie avant de n’être que survie.
Ô Dieu ! Comme la vie est courte et belle sa jeunesse ! Même un soupir est éphémère !
Rien ne se fixe jamais longtemps hormis le passé qui devient de plus en plus envahissant.
Il faut savoir faire le plein de souvenirs et n’en pas perdre un seul.
Lorsque le voyage touche à sa fin, l’album photo ouvre ses pages.
Certaines ont un peu jaunies.
On les regarde alors avec nostalgie, le cœur serré, en se disant que tout n’est pas fini, et que, peut-être, un ailleurs nous attend, quelque part, là-bas, dans un autre décor tout aussi luxuriant si ce n’est davantage. 
 
 
                                             (A SUIVRE)

        

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