Regards philosophiques (261)

Publié le par G-L. P. / J. C.

Thème :
« Qu'est-ce qu'être riche ? »
 
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Débat :
La richesse en France est parfois curieusement perçue, un sondage récent dans le journal « La Voix du Nord » nous disait que pour 78% des Français, être riche est mal perçu, mais les mêmes personnes à 72% disaient que c’est une bonne chose que de vouloir être riche. Y a-t-il là, un paradoxe ?
Et bien sûr nous avons dit que la richesse est relative. De fait, si je vis avec 800 €  par mois à Bamako, je suis riche – si je vis avec 5000 € par mois à Chevilly-Larue, je suis entre riche et à l’aise – si je vis avec 5000 € par mois à Neuilly sur Seine, je suis un pauvre. Donc il y a un critère géographique.
Et j’ajouterais qu’être riche c’est prendre le risque d’être détesté par une majorité de personnes.
Et, être pauvre, c’est prendre le risque d’être plaint par une majorité de personnes.
Enfin n’excluons pas que la jalousie à l’égard des riches existe, que c’est un sentiment largement partagé. On n’est pas jaloux de la pauvreté, alors que c’est la condition la plus partagée dans le monde.
 
Je travaille dans une collectivité, je m’occupe des seniors, et là, la plus grande richesse, c’est leur santé. Quand la santé se dégrade, tout se dégrade, tout le reste n’a plus d’importance…
 
La richesse n’est pas que l’argent, je pense à la richesse du cœur, et celle-là ne dépend pas d’une condition sociale. Je connais (entre autres) une personne assez riche qui aide au restaurant du cœur, et elle dit recevoir plus que ce qu’elle donne.
 
Je reviens sur l’expression, ce qui n’est pas indispensable est superflu, cela pose la question de savoir qu’est-ce qui est indispensable. Épicure, considérait comme indispensable les plaisirs naturels, manger, boire, dormir, et réfléchir, soit l’indispensable, en fait, les besoins premiers. Puis venaient les plaisirs artificiels, c'est-à-dire, désir de luxe, de pouvoir, d’honneurs, etc.
Et je voudrais revenir sur l’idée émise que les avares vivent comme des pauvres, je ne suis pas d’accord avec ça, parce qu’en fait quand on est pauvre on n’a pas le même imaginaire que quand on est riche, ils ont peut-être apparemment le même train de vivre, mais ils n’ont pas le même esprit.
 
Il y a toujours un danger lorsqu’on aborde ce sujet c’est de mettre en opposition, riches et pauvres, ou « les salauds de riches » et les « malheureux pauvres ». Cela mène à un discours assez simpliste qui nous ramènerait vers des idées égalitaristes. Nous avons eu au siècle dernier en Europe une expérience égalitariste, (Le communisme en URSS) et, le «  paradis rouge » pour le peuple s’est surtout transformé en enfer. Je pense que l’expérience ne fut même pas « globalement positive ».
Nos sociétés, et les individus qui la composent, généreront toujours des plus riches et des moins riches. Le progrès social, nous appartient si, au-delà du simple constat, nous œuvrons réellement pour que les écarts diminuent, les inégalités s’amenuiseront.
Et puis pour « défendre les riches », car nous avons beaucoup témoigné à charge contre ces derniers, il y a des riches qui font des choses bien, qui font du mécénat.  Par exemple je citerai la baronne María von Thyssen qui a hérité de son riche mari, grand collectionneur d’œuvres d’arts. Elle a donné deux cents œuvres rares dont la plupart sont exposées dans deux musées : Musée Carment Thyssen, et Musée Carmen Thyssen à Madrid. Son geste, qui dénote d’une richesse de cœur,  a ému les Espagnols qui l’appellent « Tita Thyssen » (Tante Thyssen).
Et enfin, dans notre pays, les classements officiels nous disent qu’il y a de plus en plus de millionnaires, que globalement notre pays est plus riche qu’il y a vingt ans ; c’est bon signe dans un sens.  Coluche aurait repris ce qu’il disait: « Hé ben, y vont être contents, les pauvres, de savoir qu’ils habitent un pays riche »
 
On peut bien sûr citer plein d’exemples de « mauvais riches » en évitant de faire des généralités. Et c’est vrai qu’il y a beaucoup de mécénat, de fondations qui aident dans le domaine de la culture.
 
Il y a ceux qui donnent de leur nécessaire, et, il y a ceux qui donnent de leur superflu. Sur le plan moral, ce n’est pas tout à fait la même chose, et donner comme mécène c’est dans l’ordre des choses. Il n’y a pas de quoi féliciter un riche d’être un mécène. Alors que le partage et les solidarités chez celui qui manque me paraissent plus respectables, même si c’est toujours subversif de le dire.

                                                                       (A SUIVRE)

Extraits de restitution d'un débat du café-philo
Avec nos remerciements

Publié dans culturels

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