Regards philosophiques (268)

Publié le par G-L. P. / J. C.

« La compétition entre tous,
est-elle inévitable ? »
 
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Introduction :

Dans notre société de compétition je voudrais traiter de ses caractéristiques essentielles.
Nous sommes imbibés et faisons nos choix les plus intimes avec la peur toujours distillée dans nos esprits dès le plus jeune âge, et nous devons donner des gages à la réussite. Réussite scolaire, puis professionnelle, sociale et matérielle.

Il pèse sur nos têtes l’épée de Damoclès de la mésestime, de la désapprobation, du mépris, et surtout de la stigmatisation, de l’indifférence et de l’ignorance. Bref, c’est toujours, suivant des termes standards, le combat de « winners » contre les « loosers ».
Le philosophe anglais Thomas Hobbes dit que : « Nous trouvons dans la nature humaine, les principales causes de discorde : tout d’abord, la Compétition : en second lieu, la Défiance ; et en troisième lieu, la Gloire » (Léviathan. 1, § XIII)

Maintenant,  il nous faut voir l’étymologie du mot compétition, lequel vient de l’anglais, lui-même issu du latin « competitio » qui signifiait tout à la fois: rivalité, concurrence, etc.
Dans le Larousse d’aujourd’hui, c’est l’action de chercher à obtenir en même temps que d’autres  le même titre, la même charge, la même dignité, etc. ou alors : concurrence entre des organismes, des populations, des espèces pour l’utilisation d’une ressource.
Aujourd’hui le terme de compétition est souvent associé à l’économie, et parfois présenté sous la forme de « guerre économique ». On peut dire qu’un mot d’ordre règne sur les ondes, tout doit être adapté, sacrifié, à la compétition économique, permettant de gagner des parts de marché, jusqu’au saint Graal qui est l’obtention du monopole.

De plus , cette guerre économique réduit les personnes à la consommation et la consumation jusqu’au « burn out ». Au nom de la compétition des milliers d’emplois sont menacés, et ceci sans qu’on sache quelle sera la place réservée à l’homme.

Je reprends ces quelques lignes de Frédéric Lordon dans le récent n° hors série de Philosophie Magazine : « Par les affects joyeux extrinsèques de l’action à la consommation, le travail demeurait une activité instrumentale. Le nouveau régime passionnel du néolibéralisme vise à rendre le travail désirable pour lui-même. Le problème de ce nouveau régime passionnel est qu’il est gravement affecté de schizophrénie, car, à côté de cette promesse magnifique de l’épanouissement existentiel dans, et, par le travail, le capitalisme néolibéral précarise et brutalise les salariés comme jamais depuis l’époque pré- fordienne ».
Et pour finir je cite des alternatives sérieuses de Baudrillard : « Au lieu d’égaliser les chances et d’apaiser la compétition sociale (économique, statutaire), le procès de consommation rend plus violente, plus aiguë la concurrence sous toutes ses formes. Avec la consommation, nous sommes enfin, seulement dans une société de concurrence généralisée, totalitaire, qui joue à tous les niveaux : économique, savoir, désir, corps, signes et pulsions, toutes choses désormais produites comme valeur d’échange dans un processus incessant de différenciation et de surdifférenciation ».

                                                                       (A SUIVRE)

 
Extraits de restitution d'un débat du café-philo
Avec nos remerciements

Publié dans culturels

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